Sans fournir de preuves, le sous-secrétaire d'Etat américain chargé de l'Europe et de l'Eurasie, Philip Reeker, a expliqué ce 22 février que des milliers de comptes liés à la Russie sur Twitter, Facebook et Instagram propageaient de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus apparu en Chine. Cette campagne de désinformation et de propagation de théories du complot aurait supposément démarré il y a un mois, à un moment où le nombre de morts en Chine était de trois et l'épidémie n'en était qu'à 200 cas à Wuhan.
«Le but de la Russie est de semer la discorde et d'affaiblir de l'intérieur les institutions des Etats-Unis et leurs alliances, y compris à travers des campagnes souterraines et pernicieuses», a accusé le responsable américain auprès de l'AFP. «En disséminant la désinformation sur le coronavirus, des acteurs russes malveillants choisissent une fois de plus de menacer la sécurité publique au détriment de la réponse globale» à l'épidémie, a-t-il ajouté.
Les responsables de la diplomatie américaine chargés de lutter contre la désinformation russe ont également fait savoir que des comptes aux noms de personnes fictives reproduisaient des lignes d'attaques russes, non seulement en anglais mais aussi en français, en espagnol, en italien et en allemand.
Dans la soirée, la Russie a démenti cette accusation par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova. «C'est une histoire délibérément fausse», a-t-elle déclaré à l'agence TASS.
Le département d'Etat américain met en cause les médias RT et Sputnik
Les théories propagées influeraient l'idée que le virus a été créé par les Etats-Unis pour «faire une guerre économique à la Chine», que c'est une arme biologique inventée par la CIA, ou encore qu'il fait partie d'une stratégie occidentale de «messages anti-Chine».
Des tweets accuseraient aussi faussement le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, dont la fondation a investi des milliards de dollars dans des programmes de santé internationaux.
Selon ces responsables gouvernementaux américains, les milliers de comptes qui seraient impliqués étaient surveillés pour s'être ingérés, toujours selon eux, dans diverses crises à travers le monde, de la guerre en Syrie aux manifestations au Chili et en France avec les Gilets jaunes.
Le département d'Etat fait coïncider le début de cette campagne sur internet au 20 janvier, et accusé les médias RT et Sputnik d'avoir, à cette date, commencé à diffuser des articles et interviews anti-occidentaux sur les origines de l'épidémie. Les opérateurs des comptes auraient commencé le lendemain.
«Ces milliers de comptes travaillent de concert les uns avec les autres, au quotidien, avec des phrases, un ton et un rythme identiques. On peut tous les relier assez facilement à RT, Sputnik et d'autres médias liés à la Russie», a encore accusé le sous-secrétaire d'Etat chargé de l'Europe et de l'Eurasie. «Ce ne sont pas des robots, ce sont de vraies personnes derrière un clavier», ajoute le responsable.