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Comment s'organise la lutte contre l'«infodémie massive» liée au coronavirus ?

L’Organisation mondiale de la santé et plusieurs Etats asiatiques se sont engagés dans une lutte contre la circulation de fausses informations à travers le monde sur le coronavirus. Retour sur les principales fake news qui ont été diffusées.

De nombreuses autorités et organisations internationales font face à un fléau inhérent au nouveau coronavirus : le déluge incessant de fausses informations à ce sujet. De par le monde, rumeurs et désinformations à propos du virus vont bon train sur internet, depuis des bilans erronés du nombre de victimes jusqu'aux remèdes de grand-mère préconisés pour y échapper.

En effet, en plus du bilan macabre de l’épidémie : soit plus de 31 000 personnes contaminées en Chine dont plus de 630 mortellement selon un dernier bilan officiel – dont les premiers cas ont été recensés fin décembre 2019 à Wuhan en Chine - l'Organisation mondiale de la santé (OMS) évoque désormais une «infodémie massive».

De la fake news à l'«infodémie massive»

C'est ainsi que bon nombres de fake news ont proliféré via internet dans le monde entier.  

L’une des fake news les plus répandues affirme que le nouveau coronavirus serait le fruit d’une entreprise américaine. Cette dernière l’aurait élaboré en 2003 puis diffusé à travers le monde dans le but de vendre un maximum de vaccins.

Une vidéo vue plusieurs millions de fois montrant un marché, supposément à Wuhan en Chine, composé d’une multitude d’échoppes aux conditions hygiéniques douteuses, sur lesquelles sont entassés des chauves-souris, des serpents, des chiens ou encore des chats, vivants ou morts, présente également des informations erronées, étant donné que cette vidéo date en réalité de juillet 2019 et montre le marché de Langowan, en Indonésie. 

Les conditions de contagion du nouveau coronavirus étant floues pour une partie des internautes, une autre fausse information s’est largement répandue sur internet. En effet, la théorie selon laquelle on pourrait être touché par le nouveau coronavirus par le biais de colis commandés sur AliExpress ou Amazon a foisonné sur la toile. Or, la contagion est aérosole. Il faut donc être à moins d’un mètre d’une personne infectée qui tousse, éternue ou postillonne pour être contaminé par le virus. Par ailleurs, ce dernier ne survit que quelques heures hors de tout hôte. Et bien plus que quelques heures sont nécessaires pour acheminer un colis de la Chine vers la France.

Comment lutter contre l'«infodémie massive» ?

Face à ces fausses informations en cascade, l'OMS a pris une initiative visant à limiter les fake news sur différentes plateformes et réseaux sociaux, notamment grâce à plusieurs partenariats avec Google, Facebook, Tencent et Tiktok.

«En plus d’une épidémie de maladies, nous avons une épidémie d’informations et c’est ce que nous appelons une "infodémie" : la circulation de rumeurs et de fausses informations», a déclaré Sylvie Briand, directrice de l'OMS pour la préparation aux risques infectieux mondiaux, lors d’une conférence de presse à Genève (Suisse), le 4 février. «A l’ère des médias sociaux, les fausses informations se diffusent très rapidement et sont amplifiées immédiatement aux quatre coins du monde», a-t-elle précisé à la même occasion, «et à une vitesse qu’il n’est pas toujours facile à gérer dans les temps».

La veille, le directeur général de l’agence onusienne pour la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une réunion du conseil de direction de l’organisation s’était déjà prononcé à ce sujet : «Nous travaillons avec Google pour nous assurer que les personnes recherchant des informations sur le coronavirus voient les informations de l'OMS en haut de leurs résultats de recherche.» Et de continuer : «Les plateformes de médias sociaux comme Twitter, Facebook, Tencent et Tiktok ont ​​également pris des mesures pour limiter la propagation de la désinformation.»

Ils ont déjà avoué avoir diffusé des fake news

Par ailleurs, sur le continent asiatique, une journaliste malaisienne, Wan Noor Hayati Wan Alias, a été inculpée, le 5 février, pour avoir volontairement créé et relayé des publications sur Facebook à propos du nouveau coronavirus, occasionnant émoi et anxiété chez de nombreux internautes. Rejetant devant un tribunal de Kuala Lumpur les trois chefs d’accusation dont elle fait l’objet, la journaliste malaisienne est accusée d’avoir violé des lois interdisant de faire des déclarations suscitant la peur et l’inquiétude de la population.

Plusieurs médias malaisiens, repris par l’AFP, ont mis en avant l’une des publications Facebook de Wan Noor Hayati Wan Alias, dans laquelle elle alertait au sujet de l’arrivée d’un bateau de croisière dans l’Etat de Penan (nord de la Malaisie) avec un millier de touristes chinois à son bord. La journaliste de 40 ans encourt une peine de deux ans d’emprisonnement.  

De leur côté, les autorités thaïlandaises ont arrêté deux personnes, le 30 janvier dernier d’après l’AFP, accusées d’avoir diffusé des fakes news sur les réseaux sociaux à propos de l’épidémie du nouveau coronavirus. Le ministre thaïlandais de l’Economie digitale, Buddhipongse Punnakanta, a indiqué le même jour à l’AFP qu’un homme et une femme ont été inculpés de violation de la loi sur les crimes informatiques, passible de cinq ans de prison. «Ils ont déjà avoué avoir diffusé des fake news», a précisé le ministre, évoquant un vidéoclip trompeur et une fausse information concernant un cas de nouveau coronavirus dans une ville balnéaire thaïlandaise. Avec quatorze cas confirmés du virus, la Thaïlande est le second pays le plus touché après la Chine.

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