A peine nommé à la place d'Agnès Buzyn, le nouveau ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran doit gérer l'épineux dossier du coronavirus. Sa première interview à ce nouveau poste, ce 18 février sur Franceinter, a déjà valu son lot de critiques à l'ancien député LREM de l'Isère.
Interrogé sur le modèle de santé chinois, il a loué le système de ce pays. «La Chine a un système sanitaire de grande qualité [...] avec des hôpitaux de grande qualité, notamment en réalisant l'exploit de construire un hôpital [...] de grande taille en quelques jours seulement. La Chine a pris ses responsabilités en mettant en place des mesures de confinement, d'isolement, très rapidement». Le ministre a ensuite jugé qu'il n'était «pas sûr» qu’il serait «possible de réaliser ça dans un pays où les réseaux sociaux seraient ouverts».
Cette dernière phrase a suscité la polémique. Des personnalités politiques et de nombreux internautes y ont vu un éloge des mesures restrictives mises en place par le gouvernement chinois en matière de liberté d'expression sur les réseaux sociaux. Marine Le Pen a notamment réagi. «Mais enfin cette déclaration est incroyable ! Le ministre de la Santé est-il en train de suggérer qu’en cas d’épidémie en France, ils fermeront les réseaux sociaux !??», s'est questionnée sur Twitter la présidente du Rassemblement national.
«Ça devient une obsession...», écrit pour sa part Alexis Poulin, cofondateur du média Le Monde Moderne.
D'autres ont été jusqu'à voir dans l'analyse d'Olivier Véran une «promotion de la censure». «Olivier Véran, ministre de la santé vantant le système sanitaire de la Chine. Super idée de faire la promo de la censure Mr Olivier Véran», affirme par exemple le reporter indépendant Maxime Reynié.
Cette polémique s'inscrit dans un contexte de défiance d'une partie de la population sur la volonté du gouvernement de serrer la vis sur les réseaux sociaux, et en particulier de légiférer les propos tenus sur les plateformes en ligne, à travers la loi Avia «visant à lutter contre les contenus haineux sur internet». Cette loi, actuellement discutée à l'Assemblée nationale, après avoir été retoquée par le Sénat, prévoit notamment l’obligation pour les plateformes en ligne, comme Facebook et Twitter, de retirer sous 24 heures les «contenus manifestement illicites» qui leur ont été notifiés.
Les opposants au texte pointent du doigt un risque de censure. C'est le cas de la Commission nationale consultative des droits de l'homme, qui pointe du doigt le rôle donné aux réseaux sociaux en matière de contenu à censurer. «Ce texte fait peser une menace disproportionnée sur la liberté d'expression en raison de la procédure envisagée. Celle-ci fait reposer l'appréciation du caractère illicite d'un contenu sur les plateformes, via des algorithmes et des modérateurs peu formés, en lieu et place de l'autorité judiciaire», déplore ainsi l'institution nationale de protection et de promotion des droits de l'homme.