Voilà de quoi redonner un peu d'espoir aux soutiens de Julian Assange : le 12 février, un échange au Parlement britannique à propos de la situation du lanceur d'alerte a mis sur le tapis la pertinence de son extradition vers les Etats-Unis. C'est la première fois que le cas de Julian Assange est au cœur d'un débat à un tel niveau.
Il est évident que les droits des journalistes et des lanceurs d'alerte doivent être respectés et ce gouvernement continuera de le faire
Ainsi, alors que le débat portait sur les relations bilatérales avec les Américains, le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn a mis en garde le Premier ministre Boris Johnson quant à l'extradition vers les Etats-Unis de Julian Assange, actuellement incarcéré à la prison de Belmarsh, près de Londres. Dénonçant des «arrangements unilatéraux» de la part de Washington, le chef de file de l'opposition britannique s'est clairement opposé à une éventuelle décision de justice d'extrader le fondateur de Wikileaks, accusé d'espionnage aux Etats-Unis «pour avoir dévoilé des crimes de guerre, des meurtres de civils et une corruption à grande échelle». Faisant référence à un rapport parlementaire envoyé au Conseil de l'Europe, le leader du Labour a demandé au Premier ministre de «s'opposer à cette extradition» et, ce faisant, de «respecter les droits des journalistes et des lanceurs d'alerte pour notre bien à tous.»
Un traité d'extradition «déséquilibré»
Bondissant de son siège, le Premier ministre britannique a apporté une réponse qui a de quoi faire douter ses alliés à Washington. Si Boris Johnson a refusé de commenter «tout cas individuel», il a toutefois affirmé : «Il est évident que les droits des journalistes et des lanceurs d'alerte doivent être respectés et ce gouvernement continuera de le faire.»
Un peu plus tôt, Boris Johnson avait surpris la chambre des Communes en convenant que le traité d'extradition entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis était «déséquilibré». Outre l'affaire Assange, le débat du 12 février au Parlement portait en effet également sur le cas d'Anne Sacoolas, femme de diplomate américain accusée d'être responsable d'un accident mortel de la route en Angleterre, et dont les Etats-Unis ont rejeté fin janvier la demande britannique d'extradition. Ce que Londres a peu apprécié.
S'il venait à être extradé, Julian Assange, inculpé de 18 chefs d'accusation dont 17 en vertu de la loi sur l'espionnage pour complot en vue de recevoir, d'obtenir et de divulguer des documents diplomatiques et militaires classifiés, risque jusqu'à 175 ans de prison aux États-Unis. Parmi les révélations de Wikileaks, des séquences vidéo d'une attaque d'hélicoptère Apache américain en 2007 à Bagdad qui a tué au moins neuf hommes, dont un photographe de presse de Reuters et son chauffeur. Pour Jeremy Corbyn, son extradition «crée[rait] un dangereux précédent pour les journalistes».
Dans une lettre ouverte publiée ce 25 novembre, plus de 60 médecins, en provenance de divers pays mais en majorité britanniques, ont attesté leurs profondes inquiétudes sur l’état de santé du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture qualifiait trois semaines plus tôt les conditions d'incarcération de Julian Assange d'«inhumaines». Actuellement détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans le sud de Londres, le lanceur d'alerte a vécu reclus dans une pièce exiguë aménagée en studio, au sein de l'ambassade de l'Equateur à Londres de 2012 à 2019.