International

Liban : tensions et mobilisation autour du Parlement qui accorde sa confiance au gouvernement

Acculés par l'état économique et politique de leur pays, des centaines de Libanais se sont mobilisés autour du Parlement où les députés ont voté la confiance au nouveau gouvernement. De violents affrontements avec la police ont éclaté.

Des affrontements entre plusieurs centaines de manifestants et les forces de l’ordre ont éclaté, le 11 février, aux abords du Parlement à Beyrouth, au Liban, faisant au moins 160 blessés dont 18 qui ont dû être hospitalisés, d’après l’AFP. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les protestataires qui ont, de leur côté, lancé des pierres sur les voitures de certains parlementaires, des policiers et contre les murs érigés autour du Parlement. Un blindé a également été envoyé dans les rues.

Les députés libanais étaient attendus ce même jour au Parlement pour l’examen de la feuille de route du nouveau gouvernement dirigé par Hassan Diab, ultime étape avant sa pleine entrée en fonction, qui a pour objectif de sortir le pays de sa pire crise depuis la fin de la guerre civile de 1975-1990. En début de soirée, le Parlement a effectivement accordé sa confiance au nouveau gouvernement.

Outre la revendication politique phare d'un changement de système politique basé sur le partage communautaire du pouvoir, les protestataires se sont mobilisés pour dénoncer la corruption généralisée et une dette avoisinant les 90 milliards de dollars, soit plus de 150% de son PIB, faisant craindre un défaut de paiement.

En parallèle, les banques ont instauré des restrictions sur les retraits notamment en dollars, sur fond de pénurie des liquidités, accélérant une dévaluation de la monnaie nationale sur le marché parallèle.

Les symboles du marasme économique et politique pris pour cibles

Les manifestants mobilisés tôt le matin du 11 février dans le centre-ville de Beyrouth dénoncent la surdité du nouveau gouvernement dirigé par Hassan Diab à l'égard des aspirations de la contestation.

Enveloppés dans des drapeaux libanais et scandant «pas de confiance», ils ont commencé à affluer avant l'aube vers le cœur de la capitale pour éviter d'être arrêtés aux barrages de contrôle érigés ce matin aux abords de la capitale, d’après l’AFP.

En plein de cœur de Beyrouth, forces de l'ordre et manifestants se sont notamment affrontés au niveau de la place Riad el-Solh qui s'est emplie de gaz lacrymogène.

Les protestataires s'en sont notamment pris aux députés qui arrivaient sur place, aspergeant de peinture leurs voitures et les frappant à coups de pierres.

Les manifestants ont également cherché à faire tomber les murs ceinturant le Parlement libanais.

Une banque, symbole cristallisant la colère des Libanais à l'égard de leur gouvernement et de la situation économique déplorable du pays, a aussi été saccagée et incendiée au cours de cette manifestation.

L'armée libanaise a notamment été déployée en renfort des policiers, afin de tenter de maintenir l'ordre.

Un mouvement contestataire inédit

Avant de procéder au vote de confiance, le Parlement devrait se pencher les 11 et 12 février sur la «déclaration ministérielle» qui dresse les principales lignes du programme gouvernemental.

L'équipe actuelle, qui comprend des figures inconnues du grand public, a été formée au terme de plusieurs semaines de tractations âpres entre les partis qui jouissent de la majorité au Parlement, à savoir le mouvement chiite du Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) du président Michel Aoun.

Le Liban est secoué depuis le 17 octobre par un mouvement de contestation inédit qui accuse l'intégralité de la classe politique de corruption et d'incompétence dans un pays au bord de l'effondrement économique.

A la suite de la démission de Saad Hariri de son poste de Premier ministre sous la pression populaire, fin octobre 2019, Hassan Diab, un universitaire peu connu du grand public et ancien ministre de l’Education, a été chargé de former un nouveau gouvernement en décembre dernier.

Cependant si le nouveau Premier ministre a promis de relayer les demandes de la rue, la formation du nouveau gouvernement n'a pas calmé les manifestants.

Lire aussi : Liban : des manifestants dans les rues exigent la formation d'un gouvernement