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Irak : plusieurs dizaines de blessés lors d'un nouveau mouvement de contestation

Une nouvelle manifestation antigouvernementale a été réprimée le 26 janvier, notamment par des tirs à balles réelles des forces de sécurité irakiennes, faisant plusieurs dizaines de blessés à Bagdad et dans le sud du pays.

Les forces de sécurité irakiennes ont tiré à balles réelles le 26 janvier sur plusieurs sites névralgiques du mouvement de contestation, entraînant des affrontements pour la deuxième journée consécutive à Bagdad et dans le sud, et causant des dizaines de blessés.

Les manifestants antigouvernementaux craignaient que leur mouvement, entamé début octobre, ne soit écrasé après l'intervention, le 25 janvier, des forces de sécurité pour les déloger de leurs campements à Bagdad, dans la ville portuaire de Bassora (extrême sud) et dans la ville sainte de Najaf (au sud de Bagdad). Trois manifestants hostiles au pouvoir irakien ont été tués le 25 janvier à Bagdad et dans le sud lors de ces affrontements avec les forces de sécurité.

Toutefois, le 25 janvier au soir et le lendemain matin, les protestataires sont revenus en grand nombre sur les sites visés et les forces de sécurité ont de nouveau tenté de les déloger.

Dans la capitale, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles pour disperser des petits rassemblements sur les places Khallani et Wathba, près du principal camp de manifestants place Tahrir, selon une source policière. Au moins 17 manifestants ont été blessés, dont six par balles, selon cette source. De leur côté, les jeunes protestataires ont notamment lancé des pierres sur la police antiémeute et certains ont lancé des cocktails Molotov.

A Nassiriya, plus au sud, les forces de sécurité ont également tiré à balles réelles, mais aucun bilan n’était disponible dans l’immédiat. Les manifestants s'étaient rassemblés en grand nombre dans cette ville après que la police eut à nouveau ouvert les artères majeures de la ville menant au site principal de la protestation, place Habboubi.

Des signaux contradictoires ? 

Après avoir lancé un appel à un rassemblement pour réclamer le départ des 5 200 soldats américains stationnées en Irak, auquel ont répondu des milliers de ses partisans à Bagdad, le 24 janvier, le leader chiite Moqtada al-Sadr a finalement annoncé le même jour qu'il ne soutenait plus les manifestants, faisant craindre à certains que cela ne laisse le champ libre au pouvoir pour réprimer leur mouvement, qui réclame inlassablement des réformes en profondeur. Ses partisans, qui soutenaient jusqu'à alors la contestation, ont démonté leurs tentes installées depuis octobre dans la capitale.

Une situation qui soulève plusieurs contradictions, comme si «d’un côté, Moqtada [al-] Sadr tentait de se placer en tant que leader réformiste, et de l’autre, voulait garder son image de chef de la résistance à l’occupation américaine pour gagner les faveurs de l’Iran», a souligné Harith Hasan, expert au Carnegie Middle East Center, pour Le Figaro.

Sous la pression de la rue, le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a démissionné en décembre mais continue de gérer les affaires courantes, les partis politiques n’arrivant pas à se mettre d’accord sur la composition d’un nouveau gouvernement. 

Les manifestations, composées majoritairement de jeunes, ont éclaté à Bagdad et dans le sud à majorité chiite le 1er octobre. Elles dénoncent notamment le manque d'emplois et de services, ainsi que la corruption endémique.

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