Suite à un appel à manifester contre la présence des troupes américaines en Irak, lancé par le leader chiite Moqtada al-Sadr, des milliers de personnes ont déferlé dans les rues de Bagdad ce 24 janvier, comme on peut le constater sur ces images de l’agence Ruptly.
Scandant «Dehors, dehors, occupant» ou encore «Oui à la souveraineté», la foule des fidèles de Moqtada al-Sadr s’est rassemblée dans le quartier de Jadriyah, agitant des drapeaux irakiens. Un porte-parole du leader religieux est monté à la tribune afin de lire un communiqué de celui-ci, dans lequel il a appelé au retrait des forces américaines d’Irak, à l’annulation des accords de sécurité entre Washington et Bagdad mais aussi à la fermeture de l’espace aérien irakien aux avions militaires américains. Une gigantesque banderole «Get out America» (Dehors l’Amérique) était déployée sur l’estrade.
Le fils de l’ayatollah Mohammad Sadeq al-Sadr, exécuté en 1999 sous Saddam Hussein, a par ailleurs conseillé au président américain de ne pas être «arrogant» face aux responsables irakiens. «Si tout cela est fait, nous traiterons [avec les Etats-Unis] comme avec un pays non-occupant, sinon, nous les considérerons comme un pays hostile à l'Irak», a-t-il fait savoir.
L’appel de Moqtada al-Sadr a été suivi par le Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires pro-iranienne formée pour lutter contre les djihadistes et désormais intégrée aux forces de sécurité irakiennes, habituellement rivale du leader politique, et dont le numéro deux, Abou Mehdi al-Mouhandis, avait été assassiné lors de l’opération américaine visant le général iranien Qassem Soleimani, ancien chef de la force al-Qods, le 3 janvier en Irak.
Dans son prêche du vendredi, lu par un porte-parole, le grand ayatollah Ali Sistani a de son côté souligné le droit des Irakiens à manifester «pacifiquement» pour leur souveraineté nationale. La plus haute autorité chiite du pays a par ailleurs dénoncé le «retard» des partis dans la formation d’un nouveau gouvernement.
En effet, depuis la démission du Premier ministre, Adel Abdel Mahdi en décembre sous la pression de la rue, celui-ci est resté au pouvoir afin de gérer les affaires courantes, les partis politiques n’arrivant pas à se mettre d’accord sur la composition d’un nouveau gouvernement. Une occasion pour Moqtada al-Sadr de se positionner non plus uniquement comme un leader de la contestation qui secoue le pays depuis le 1er octobre, mais également comme un résistant à l’occupation américaine du pays depuis 2003. Les 5 200 militaires étasuniens encore déployés en Irak avaient été enjoints à quitter le pays par le Parlement irakien le 5 janvier dernier.