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Coronavirus : les trois cas français font-ils craindre une propagation ?

La France craint une possible propagation de l'infection au coronavirus après l'identification de trois cas sur des voyageurs récemment rentrés de Chine, épicentre de l'épidémie. L'aéroport Charles-de-Gaulle se prépare à cette éventualité.

«Les trois personnes vont très bien, nous sommes tout à fait rassurés sur leur évolution», a déclaré le 25 janvier au soir le directeur général de la Santé, Jerôme Salomon, lors d'un point de presse à propos du coronavirus

Les autorités sanitaires avaient annoncé la veille trois cas confirmés, sur un patient hospitalisé à Bordeaux et deux autres à Paris, soulignant qu'il s'agissait des «premiers cas européens». Les trois patients ont été hospitalisés en isolement. Tous étaient récemment arrivés de Chine et avaient séjourné à Wuhan, la grande ville où cette nouvelle infection est apparue en décembre.

On va avoir des patients suspects, il va y avoir des cas

Le directeur général de la Santé a annoncé qu'«une équipe médicale d'accueil» serait mise en place le 26 janvier à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle permettant notamment la prise en charge des personnes qui présenteraient des symptômes d'une infection par coronavirus.

La France n'a pas souhaité mettre en place un contrôle aux frontières

Contrairement à d'autres pays, la France n'a en effet pas mis en place de mesure de contrôle aux frontières des passagers venant de Chine, avec contrôle de température. 

D'autres personnes sont «en détection», a fait savoir de son côté le patron du Samu de Paris, Pierre Carli, sans donner de chiffre. «On va avoir des patients suspects, il va y avoir des cas», a renchéri le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat de Paris, où deux des patients ont été hospitalisés à l'isolement.

Alors que l'épidémie se propage à grande vitesse en Chine, où les autorités ont pris des mesures drastiques sur les déplacements dans et hors du pays, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a insisté sur la mobilisation. «Il faut traiter une épidémie comme on traite un incendie, très vite repérer la source [et le] circonscrire le plus vite possible», a-t-elle souligné le 24 janvier en annonçant les premiers cas.

Une «enquête épidémiologique approfondie autour de ces cas a été immédiatement mise en œuvre», ont précisé ses services. Il s'agit notamment d'identifier les personnes ayant été en «contact étroit» avec les malades pour assurer une surveillance sanitaire et pour éviter une propagation. Ces personnes sont maintenant identifiées.

Le premier patient, un Bordelais originaire de Chine âgé de 48 ans, était rentré le 22 janvier en France. Il a été hospitalisé le 23 janvier à Bordeaux, après s'être présenté à SOS Médecins avec toux et fièvre. «Dix à quinze personnes» qui ont été en contact avec lui «se sont signalées», selon Nicolas Florian, le maire de la ville, où les festivités du Nouvel An chinois, qui devaient se tenir 26 janvier, ont été annulées par les organisateurs au nom du «principe de précaution». Les patients hospitalisés à Paris sont un couple «originaire de Wuhan» et qui était arrivé le 18 janvier en France pour un voyage.

Les symptômes : fièvre et toux ou présence des difficultés respiratoires

Le ministère a réitéré, notamment pour les «personnes qui auraient séjourné en Chine récemment», les précautions à prendre en cas de symptômes, fièvre et toux ou difficultés respiratoires : contacter le Samu (15) et ne pas se rendre chez son médecin traitant ou aux urgences, pour éviter toute potentielle contamination.

La concomitance avec l'épidémie hivernale de grippe peut notamment faire craindre un afflux de personnes inquiètes aux services d'urgences, déjà surchargés et en plein conflit social, et des témoignages signalaient déjà un afflux de demandes de masques de protection dans des pharmacies. Le président national du Samu François Braun s'est voulu rassurant le 25 janvier, assurant que les «schémas d'organisation en cas de risque épidémique sont bien rodés».

Agnès Buzyn a estimé le 24 janvier que si la France était le premier pays européen à avoir identifié des cas, c'était «probablement parce que nous avons mis au point le test [de dépistage] très rapidement et que nous sommes capables de les identifier». Elle a répété qu'il n'était pas possible de contrôler les «multiples voies» d'arrivée depuis la Chine ou de «fermer les frontières».

L'épidémie se répand rapidement en Chine, avec 1 400 cas de contamination dont 41 mortels recensés le 25 janvier. Les autorités chinoises cherchent à reprendre la main notamment en restreignant les déplacements. Wuhan et pratiquement toute la province environnante du Hubei ont été ainsi coupées du monde, avec plus de 56 millions d'habitants confinés. Plusieurs pays d'Asie ont identifié des cas. Deux ont également été confirmés aux Etats-Unis, quatre en Australie.

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