Déjà soumise à de nombreux trains de sanctions américaines – en particulier depuis le rattachement de la Crimée après un référendum en 2014, mais également pour une prétendue ingérence dans les élections américaines – la Russie est à nouveau dans le collimateur du Congrès américain. Motif invoqué : les relations politiques et commerciales entre Moscou et le gouvernement de Nicolas Maduro, bête noire des Etats-Unis.
Washington réfléchit en effet à instaurer une nouvelle série de sanctions à l'égard de Moscou, cette fois afin de contrecarrer le partenariat entre Moscou et Caracas. «Nous étudions de près le rôle de la Russie et nous n'allons pas permettre le niveau de soutien que nous avons vu ces derniers temps sans réagir», a ainsi déclaré le 6 janvier le représentant spécial américain pour le Venezuela, envoyé du département d'Etat, Elliot Abrams, cité par l’AFP.
«Nous envisageons des sanctions supplémentaires, des sanctions personnelles, des sanctions économiques qui, selon nous, exerceront davantage de pression», notamment «contre des entités et des individus», a énuméré devant la presse Elliot Abrams. Celui-ci n'a toutefois pas fourni plus de précisions sur la nature précise des sanctions envisagées, ajoutant que les Etats-Unis surveillaient de près le rôle de la Russie au Venezuela.
Ainsi, Washington reproche à la Russie d'être essentiellement intéressée par «l’économie pétrolière» du Venezuela, notamment via des accords stratégiques avec Nicolas Maduro et une coopération dans le domaine pétrolier. «Les compagnies russes opèrent maintenant plus des deux tiers, plus de 70% du pétrole vénézuélien», a attesté Elliot Abrams.
Pourtant, comme le reconnaissait en janvier 2019 John Bolton, alors conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Washington partage lui aussi un intérêt économique pour le Venezuela, qui détient, avec 301 milliards de barils (soit environ 17,7% du total mondial), les plus grandes réserves prouvées de pétrole brut dans le monde.
A la différence toutefois que Washington souhaitait ouvertement le départ du président Nicolas Maduro, reconnaissant comme «président par intérim» du pays Juan Guaido, un opposant qui ne fait pourtant pas l'unanimité au sein même... de l'opposition vénézuélienne. Imperturbable, le représentant spécial américain pour le Venezuela a pourtant assuré : «[Nicolas Maduro] n'a plus que la Russie, Cuba, la Chine et quelques dictatures bizarres à travers le monde, mais il perd le soutien non seulement de la droite, non seulement du centre mais aussi de la gauche en Amérique latine.»
Si le Venezuela traverse une importante crise politique depuis janvier 2019, les manifestations pro et anti-Maduro se succédant, l'opposant Juan Guaido n'a jamais réussi à asseoir, dans les faits, son statut de «président par intérim» du pays. En effet, Nicolas Maduro, visé par plusieurs tentatives de coups d'Etat (tout comme son prédécesseur Hugo Chavez), a toujours bénéficié du soutien primordial de l'armée.