L'escalade de tensions entre Washington et Téhéran semble compromettre un peu plus l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, qu'avaient déjà quitté les Etats-Unis en 2018.
Ce 5 janvier, un porte-parole du gouvernement cité par la télévision publique iranienne, a fait savoir que Téhéran ne tiendrait plus compte des limites fixées dans l'accord de Vienne au nombre de centrifugeuses qu'il a le droit d'utiliser. Cela signifie qu'il n'y aura plus de plafond aux capacités d'enrichissement d'uranium iranien ni au degré d'enrichissement de l'uranium, ou encore aux activités iraniennes de recherche et développement dans le domaine nucléaire.
Pour autant,le gouvernement de la République islamique indique dans un communiqué que «la coopération de l'Iran avec l'AIEA [l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui soumet son programme nucléaire à un strict contrôle] se poursuivra comme avant».
Par ailleurs, l'Iran fait savoir qu'il pourrait revenir sur ces mesures, si les Etats-Unis lèvent leurs sanctions à son encontre.
L'accord de Vienne signé avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, prévoit une limitation des capacités nucléaires de l'Iran en échange de la levée de sanctions internationales. Washington s'est désengagé de cet accord en 2018 et a rétabli ses propres sanctions contre Téhéran.
Téhéran avait déjà pris des mesures l'éloignant de l'accord : en juillet 2019, le président iranien Hassan Rohani avait annoncé que Téhéran allait enrichir l'uranium 235 à un niveau de pureté supérieur à la limite imposée par l'accord de Vienne. Il s'agissait, alors, d'un élément de riposte iranienne à la décision annoncée en mai 2018 par le président américain de sortir unilatéralement les Etats-Unis de ce pacte, et de rétablir les sanctions américaines anti-iraniennes.
Un contexte de tensions extrêmes entre l'Iran et les Etats-Unis
La décision de Téhéran du 5 janvier survient, en outre, dans un contexte de tensions extrêmes avec les Etats-Unis.
Le 5 janvier, Donald Trump a menacé de frapper «52 sites iraniens» de manière «très dure et très rapide». Deux jours plus tôt, Qassem Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires irakiens pro-Iran intégrée aux forces de sécurité, ont été tués dans une frappe américaine sur l'aéroport de Bagdad.
Quelques jours plutôt, le 29 décembre, les Etats-Unis avaient frappé plusieurs sites du Kataëb Hezbollah (KH) en Irak, une des factions pro-Iran du Hachd al-Chaabi, en représailles à la mort d'un sous-traitant américain. Ces frappes avaient provoqué des manifestations anti-américaines qui avaient dégénéré en assaut de l'ambassade américaine à Bagdad.