S'il venait en France, Carlos Ghosn ne serait pas extradé, selon la secrétaire d'Etat à l'Economie
- Avec AFP
Agnès Pannier-Runacher a affirmé ce 2 janvier sur BFMTV que Carlos Ghosn ne serait pas extradé s'il venait en France. Ce dernier, détenteur de la nationalité française, est actuellement au Liban après avoir fui le Japon, où il attendait d'être jugé.
«Si monsieur Ghosn venait en France, nous n'extraderons pas monsieur Ghosn, parce que la France n’extrade jamais ses nationaux ; donc nous appliquons à monsieur Ghosn comme à monsieur tout le monde les mêmes règles du jeu mais cela ne nous empêche pas de penser que monsieur Ghosn n'a pas à se soustraire à la justice japonaise», a déclaré ce 2 janvier BFMTV la secrétaire d'Etat française à l'Economie, Agnès Pannier-Runacher, à propos de l'ex-patron de Renault-Nissan qui a fui le Japon où il était assigné à résidence.
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances affirme que l'Etat français a été mise au courant de la fuite de Carlos Ghosn "par la presse"#BourdinDirect 📻 https://t.co/PgCI8BVVGFpic.twitter.com/oFR4ESfBA8
— RMC (@RMCinfo) January 2, 2020
Le Liban a reçu une demande d'arrestation d'Interpol
Ce même jour, le Liban a reçu une demande d'arrestation d'Interpol pour Carlos Ghosn. «Le parquet général [...] a reçu une notice rouge d'Interpol concernant le dossier Carlos Ghosn», a annoncé le ministre libanais de la Justice Albert Sarhane, cité par l'agence de presse officielle ANI.
De plus, le 2 janvier également, une perquisition a eu lieu au domicile de Carlos Ghosn à Tokyo et plusieurs personnes ont été interpellées en Turquie, où une enquête est ouverte pour comprendre comment l'homme d'affaires a réussi à s'enfuir au Liban en passant par Istanbul. Les télévisions nippones ont montré des images d'inspecteurs entrant dans la maison de Tokyo habitée par l'ancien patron de Renault et Nissan, jusqu'à sa mystérieuse fuite.
Selon l'agence de presse DHA, la police turque a quant à elle interpellé et placé en garde à vue sept personnes, dont quatre pilotes, soupçonnées d'avoir aidé Carlos Ghosn à se rendre au Liban depuis un aéroport d'Istanbul, où il avait atterri en provenance du Japon.
Carlos Ghosn détenait deux passeports français, selon une source de l'AFP
Par ailleurs, une source proche du dossier a confirmé ce 2 janvier à l'AFP que Carlos Ghosn avait non pas un mais deux passeports français, dont un sur lui. Selon la source contactée par l'AFP, trois passeports (un français, un libanais et un brésilien) sont conservés par ses avocats dans un coffre, mais une autorisation exceptionnelle du tribunal lui permettait d'avoir sur lui ce deuxième passeport français, enfermé dans une sorte d'étui (boîte ou sacoche, le type n'est pas précisé) qui restait en sa possession mais dont la clef (un code secret) était également détenue par ses avocats.
Ce document lui tenait lieu de visa de court séjour dans l'archipel et il devait donc l'avoir à portée de main pour ses déplacements internes, selon la même personne.
Carlos Ghosn n'avait pas le droit d'aller à l'étranger, mais il vivait relativement libre de ses mouvements à l'intérieur du Japon, moyennant quelques restrictions de durée de séjour hors de la capitale. Cette disposition légale est valable aussi pour d'autres personnes étrangères en liberté conditionnelle dans l'archipel, d'après cette source. En cas de contrôle, il devait contacter l'avocat détenteur du code pour que celui-ci se déplace (il ne pouvait se contenter de donner le code par téléphone à un policier).
Ce passeport, Carlos Ghosn ne l'a pas utilisé pour partir, car les autorités japonaises n'ont pas de données informatiques indiquant qu'il se serait présenté sous sa réelle identité aux contrôles aux frontières du Japon avant son départ, dans aucun des aéroports du pays. Il est donc soupçonné d'avoir employé un «moyen illégal» de sortie du territoire (sous une autre identité ou en échappant aux contrôles), souligne la chaîne publique de télévision NHK citant des sources proches des enquêteurs.
L'ancien PDG de Renault-Nissan, qui attendait son procès en résidence surveillée au Japon, avait confirmé le 31 décembre se trouver au Liban, d'où il entend parler librement à la presse dans les jours à venir. «Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité», avait-il écrit, selon un document transmis par ses porte-parole. «Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine», a-t-il ajouté.
Le magnat déchu de l'automobile était jusque-là assigné à résidence au Japon, où il attendait d'être jugé à partir d'avril 2020 pour des malversations financières présumées.
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