Russie : perquisitions dans le bureau du Fonds anti-corruption d'Alexeï Navalny
Selon la porte-parole du Fonds de lutte contre la corruption, Kira Iarmych, des perquisitions ont eu lieu dans le bureau de l’organisation. Après avoir été brièvement interpellé, son fondateur Alexeï Navalny a été libéré par les autorités russes.
Des perquisitions se sont déroulées ce 26 décembre dans les locaux du Fonds de lutte contre la corruption (FBK) de l’opposant russe Alexeï Navalny. Celui-ci a été libéré après avoir été brièvement interpellé. Selon lui, les perquisitions seraient liées à son refus de supprimer son enquête anti-corruption la plus populaire : une vidéo accusant le Premier ministre, Dmitri Medvedev, d'être à la tête d'un empire immobilier, qui totalise 32 millions de vues sur YouTube.
Un des collaborateurs du Fonds a publié une vidéo montrant les forces de l’ordre essayant de forcer la porte de son bureau avec une scie électrique.
Вечеринка в стиле ФБК pic.twitter.com/1H0hrnS6SN
— Александр Головач (@Golovach_AA) December 26, 2019
«Jeudi, bien sûr, est choisi exprès, car Alexeï devait s'exprimer aujourd'hui» sur sa chaîne YouTube, a réagi sur Twitter Kira Iarmych, la porte-parole de l'organisation. Les 24 et 25 décembre, Alexeï Navalny s'était insurgé sur les réseaux sociaux de ce qu'il a qualifié d'«enlèvement» d'un de ses collaborateurs, Rouslan Chaveddinov, également interpellé après une perquisition puis immédiatement envoyé dans l'Arctique pour y faire son service militaire d'un an.
L'opposant russe a dénoncé un «emprisonnement illégal» et quelques militants s'étaient rassemblés le soir du 25 décembre devant l'état-major des forces armées à Moscou pour protester.
Démêlés judiciaires du Fonds d'Alexeï Navalny
Le 9 octobre, le Fonds anti-corruption a été classé par le ministère russe de la Justice comme «agent étranger».
La loi sur les «agents étrangers» a été adoptée en 2012. Pour qu'un organisme à but non-lucratif soit classé comme «agent étranger», il faut qu’il mène une activité politique et soit financé depuis un pays étranger.
Vladimir Titov, chef de département au ministère russe de la Justice, avait alors expliqué que l'organisation avait reçu de l'argent de l'étranger, en l'occurrence de l'Espagne et des Etats-Unis, pour un total d'environ 140 000 roubles [1974 euros]. En outre, le ministère considère que les activités du Fonds sont politiques car ses employés tentent d’influencer les organes du pouvoir et d’organiser des manifestations et des rassemblements.
Le 12 septembre, le Comité d'enquête avait déjà effectué des perquisitions aux sièges de l'organisation de Navalny et chez des employés, se rendant au total à environ 200 adresses.
Le 3 août, le Comité d'enquête russe avait ouvert une enquête visant le fonds de Navalny, accusé de blanchiment pour un montant d'environ un milliard de roubles. Le 8 août, les comptes bancaires du Fonds anti-corruption d'Alexeï Navalny, ainsi que ceux de ses sièges régionaux, ont été bloqués.
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