Bolivie : le président en exil Evo Morales nommé directeur de campagne par son parti
Alors que la présidente par intérim a promis, mais toujours pas annoncé, une élection anticipée en Bolivie, le dirigeant en exil Evo Morales a été chargé par son parti de diriger la campagne du MAS. La première étape vers un retour en politique ?
Ayant à peine quitté son pays pour le Mexique, Evo Morales songerait-il déjà à revenir en politique ? L'ancien président bolivien, qui avait annoncé sa démission en dénonçant un «coup d'Etat» militaro-policier survenu dans un contexte de violences, a été nommé directeur de campagne par son parti Mouvement vers le socialisme (MAS). L'annonce a été faite lors d'un meeting du mouvement, le 8 décembre dans la ville de Cochabamba, fief de l'ancien président indigène.
Jeanine Añez, qui s'est autoproclamée présidente du pays après le départ d'Evo Morales, avait promis une élection anticipée, mais sa date n'a pour l'heure toujours pas été annoncée. La dirigeante par intérim du pays sud-américain avait néanmoins précisé que l'ancien dirigeant socialiste ne serait pas autorisé à se présenter à ce scrutin.
«J'apprécie la confiance que vous m'avez accordée en me nommant chef de campagne», a déclaré Evo Morales sur Twitter. «Nous élirons un candidat unitaire et remporterons à nouveau les élections au premier tour. Merci de ne pas m'avoir abandonné, je serai toujours avec vous. Ensemble, nous vaincrons», a-t-il ajouté depuis Cuba, où il est actuellement en voyage pour raisons médicales.
La Bolivie s'enfonce dans le chaos
Président modernisateur aux positions anti-impérialistes marquées, Evo Morales avait été lâché par l'armée et la police après sa réélection dès le premier tour en octobre dernier, contestée par l'opposition. Tandis que des violences avaient éclaté dans le pays entre partisans et opposants du dirigeant indigène (maisons de représentants gouvernementaux incendiées, émeutes ou actes d'intimidation voire d'humiliation), Evo Morales avait consenti à organiser de nouvelles élections, comme le réclamait l'opposition. Il avait finalement accepté de quitter le pouvoir pour tenter de «pacifier» le pays.
Expliquant craindre pour sa vie, alors que les violences redoublaient et qu'un mandat d'arrêt contre lui était émis par les autorités autoproclamées, Evo Morales a été contraint de s'exiler au Mexique. Dirigé depuis décembre 2018 par Andrés Manuel López Obrador, qui se définit lui-même comme un «nationaliste de gauche», ce pays lui avait en effet offert l'asile politique. Evo Morales envisagerait de s'installer en Argentine après la prise de fonction du nouveau président élu, le péroniste Alberto Fernández.
Depuis le retour de la droite bolivienne au pouvoir, les manifestations de soutien à Morales, brutalement réprimées, se multiplient dans le pays, notamment dans les fiefs indigènes.
Les affrontements entre partisans et opposants du dirigeant en exil n'ont, quant à eux, pas cessé. Au moins 27 personnes ont perdu la vie depuis un mois et le Défenseur du peuple, organe public chargé de protéger les droits et libertés des Boliviens, réclame depuis lors qu'une enquête soit ouverte par les autorités intérimaires.
Indigné par la répression, Evo Morales a une nouvelle fois dénoncé sur Twitter «le coup d'Etat mené par la droite raciste et fasciste». «La patrie ou la mort, nous vaincrons !», a-t-il ajouté à l'attention de ses partisans.
Gracias herman@s, no estamos solos ni en #Bolivia ni en el mundo, luchando con la verdad por nuestra dignidad, unidos por la vida y democracia. Felicito las conclusiones del primer ampliado nacional después del golpe de la derecha racista y fascista. ¡Patria o muerte, venceremos! pic.twitter.com/9fZ6zOu0Nv
— Evo Morales Ayma (@evoespueblo) December 8, 2019
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