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Algérie : Glucksmann veut que le Parlement de l'UE vote une résolution, forte contestation à Alger

L'eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann a annoncé que le Parlement européen débattra la semaine prochaine de la situation en Algérie, prenant clairement position en faveur du mouvement de protestation. A Alger, on dénonce une ingérence.

Le Parlement européen organisera la semaine prochaine un débat sur l’Algérie qui sera sanctionné par le vote «d’une résolution d’urgence», a annoncé l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann le 21 novembre sur son compte Twitter.

«Le Parlement n'a pas eu un mot en session plénière sur un mouvement aussi massif, aussi exemplaire que le Hirak algérien», a écrit l'élu socialiste. «Cette révolution ne brise pas un carreau et pourtant pourrait changer la face du monde méditerranéen (le nôtre, aussi, donc, faut-il le rappeler)», a-t-il poursuivi.

Les cinq candidats à l'élection présidentiel en Algérie ont fermement rejeté cette initiative, rapporte l'agence officielle algérienne APS. Les postulants à la magistrature suprême ont ainsi condamné la démarche du Parlement européen, soulignant que «cet acte constitu[ait] une provocation manifeste à la veille des élections présidentielles». Ils soulignent à cet égard que ce qui se passe en Algérie relève «exclusivement des affaires intérieures». En meeting de campagne, l'un des candidat, Abdelkader Bengrina, de tendance islamiste, aurait ainsi appelé le peuple algérien à «refuser que les affaires internes soient débattues au niveau du Parlement européen avec la complicité de leurs suppôts à l'intérieur», selon l'agence de presse.

Au delà de la tradition algérienne de se positionner systématiquement contre toute ingérence, cette réaction s'explique également par le fait que Raphaël Glucksmann prend clairement position pour le hirak, le mouvement de protestation contre le pouvoir en Algérie, en cours depuis neuf mois. Ce mouvement refuse toute élection organisée par le système en place, et estime que les candidats à la présidentielle du 12 décembre prochain sont liés à l'époque Bouteflika. Une époque que les protestataires considèrent comme caduque et révolue.

S'il a lieu comme l'annonce Raphaël Glucksmann, le débat au Parlement européen risque fort de créer des remous dans les relations bilatérales avec l'Algérie en cette période délicate. En effet, comme le député français le rappelle lui-même, il n'est pas dans les habitudes du Parlement de Strasbourg d'organiser de tels débats aussi près d'une échéance électorale.

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