L’AFP et Reuters retirent une dépêche critiquant Trump pour des faits imputables à Obama
L’AFP et Reuters ont retiré une dépêche critiquant l'administration Trump pour des faits survenus sous celle d'Obama, selon laquelle 100 000 enfants seraient détenus aux Etats-Unis. Un choix éditorial fort et quelque peu subjectif.
L'AFP et Reuters se sont hâtivement faits les relais, le 18 novembre, d'une information erronée, selon laquelle les Etats-Unis, sous l'administration de Donald Trump, détiendraient plus de 100 000 enfants migrants dans des camps de détention disséminés sur leur territoire. Les agences de presse se sont appuyées sur les propos du spécialiste des réfugiés de l'ONU et principal auteur d'une étude sur ce thème, Manfred Nowak, pour rédiger leurs dépêches.
Ce nombre impressionnant, issu d'une étude des Nations unies publiée le 17 novembre, remontait en réalité à 2015, incriminant donc l'administration Obama, et non celle de Donald Trump. En effet, le 19 novembre, Manfred Nowak s'est vu contraint de corriger sa déclaration initiale faite à la presse le 18 novembre, au cours de laquelle il avait pourtant qualifié ses analyses de «prudente[s]» et fondées sur des sources officielles «très fiables».
Dans une dépêche parue le 21 novembre, l’AFP a par ailleurs rendu publique les excuses de l’expert indépendant de l’ONU concernant la publication de nombres erronés quant à la détention d’enfants issus de l’immigration par l’administration Trump sur le territoire américain. Les statistiques utilisées dans l’étude onusienne et reprises par l’AFP concernaient en réalité, d’une part, le nombre cumulé de mineurs détenus au cours d’une année et non pas le nombre de mineurs actuellement détenus, et d’autre part portaient sur l’année 2015 et non l’année en cours.
«J’aurais dû être plus clair sur le fait que ce sont des données sur un an et qu’elles ont déjà trois», s’est expliqué Manfred Nowak à l’AFP. Avant d’ajouter : «Il y a eu manifestement un malentendu et je suis prêt à présenter mes excuses pour cela… Je suis désolé». Les informations d'origine reprises par l’agence de presse étant «totalement erronées» et «non pertinentes», l’AFP a ainsi décidé d’annuler ses dépêches sur le sujet.
Reuters a également décidé de retirer purement et simplement son article, avant de déclarer qu’il n'en y aurait pas d'autre en remplacement.
AFP is withdrawing this story.
— AFP news agency (@AFP) November 19, 2019
The author of the report has clarified that his figures do not represent the number of children currently in migration-related US detention, but the total number of children in migration-related US detention in 2015.
We will delete the story. https://t.co/p30UjEWl7u
Une décision éditoriale forte de la part des deux agences de presse, qui a été abondamment critiquée par des internautes sur Twitter.
Jerome Rivière, député européen du Rassemblement national (RN), a dénoncé le «Trump bashing» de l'AFP.
🇺🇸 L'AFP tente une fois de plus de faire du "Trump bashing" en sortant le chiffre de 100.000 enfants en rétention administrative aux Etats-Unis ..
— Jerome Riviere (@jerome_riviere) November 20, 2019
Dommage, il se sont rendus compte un peu tard que ce chiffre date de 2015, et donc de la présidence d'Obama !! pic.twitter.com/LMGQkDZzC5
Clément Weill-Raynal, journaliste, pointe du doigt la confusion de l'AFP, qui a ciblé «l'Amérique de Trump» au lieu de «l'Amérique d'Obama».
L'Agence France Presse (AFP) publie une dépêche choc annonçant que 100.000 enfants sont détenus aux USA (l'Amérique de Trump...) pour des raisons touchant à l'immigration... puis annule en catastrophe la dépêche: les chiffres datent de 2015. C'est l'Amérique d'Obama! https://t.co/Py3gwIyik4
— Clément Weill-Raynal (@CWeillRaynal) November 20, 2019
Gilles-William Goldnadel, avocat et essayiste, a souligné un parti pris «trop grave [...] s’agissant d’une agence d’information s’interdisant toute subjectivité».
Un être moins prudent que moi pourrait se hasarder a suggérer que l’AFP apprécie moins Trump qu’Obama. Mais il serait trop grave de l’affirmer s’agissant d’une agence d’information s’interdisant toute subjectivité. https://t.co/bOrYyewt6D
— G-William Goldnadel (@GWGoldnadel) November 20, 2019
Enfin, le comité de Lyon du mouvement politique Racines d'Avenir dénonce «l'aspect partisan» du travail de l'agence française.
Quand l'#AFP illustre une nouvelle fois l'aspect partisan de son travail ! 🤣🤔
— Racines d'Avenir Lyon (@RacinesdaveLyon) November 20, 2019
➡️ Donald #Trump a été élu par les américains car il était l'antithèse ce système politico-journalistique censeur, manipulateur et moralisateur... Et ce système repart de plus belle... 🤣 #Trump2020pic.twitter.com/V6KSMmGvc2