Vendredi 1 novembre
A Paris, de nombreuses personnes défilent entre République et Bastille. Un très long drapeau amazigh, interdit dans les manifestations en Algérie, apparaît comme un pied de nez au chef d'état major Ahmed Gaïd Salah et une revendication identitaire.
Une marée humaine a envahi ce 1er novembre les rues du centre d'Alger, réclamant une nouvelle «indépendance» de l'Algérie, a constaté un journaliste de l'AFP. L'absence de comptage officiel et la topographie rendent impossible le dénombrement des manifestants, mais en ce 37e vendredi consécutif de manifestation, la mobilisation est semblable à celle constatée au plus fort du «Hirak», depuis le 22 février.
A Paris également, des Algériens ont prévu une manifestation en soutien au mouvement de protestation, entre la place de la République et la place de la Bastille.
La mobilisation ne se limite pas à la capitale. Sur les réseaux sociaux, des images de manifestations dans plusieurs ville d'Algérie montrent une forte mobilisation, comme ici à Tizi Ouzou, en Kabylie.
Emmanuel Macron a adressé un message au peuple algérien à l'occasion du 1er novembre, au 65e anniversaire du jour du déclenchement de la guerre d'indépendance contre la France coloniale. «J’adresse mes vœux les plus sincères au peuple algérien et rends hommage à son esprit de responsabilité en cette période cruciale pour son avenir», a écrit le président français.
A l’occasion de la célébration du 1er novembre en Algérie, Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères a écrit un message de «félicitations» et ses «vœux les plus chaleureux à l’Algérie, aux autorités algériennes et au peuple algérien».
Cette date marque le 65e anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance contre la France coloniale.
En allusion au mouvement de protestation actuel, le chef de la diplomatie française a assuré que «le seul souhait de la France aujourd’hui, c’est que les Algériens trouvent ensemble les chemins d’une transition démocratique». «C’est en effet aux Algériens et à eux seuls qu’il revient de décider de leur avenir. C’est ce que nous espérons pour l’Algérie, compte tenu des liens profonds qui nous rattachent à ce pays», a ajouté le ministre.
Sur le plateau de RT France, Naoufel Brahimi el Mili, docteur en sciences politiques, donne son éclairage sur l'importance de la mobilisation de ce 1er novembre. Pour lui, on peut s'attendre à une manifestation pacifiste, comme chaque vendredi depuis le début du mouvement de protestation.
Concernant la position de la France sur ce qui se passe en Algérie, ce spécialiste des relations entre les deux pays estime que les autorités françaises ont bien conscience du poids électoral des Français d'origine algérienne et restent donc prudentes sur cette question.
Alors qu'ils ont manifesté une partie de la nuit, les protestataires semblent encore très en forme en milieu de matinée, rassemblés rue Didouche Mourad, à Alger.
Devant la Grand poste à Alger, devenue lieu symbolique de rassemblement du mouvement de protestation, il y avait déjà des centaines de manifestants à 10 heures du matin.
Une marée humaine est attendue ce 1er novembre à Alger ainsi que dans tout le pays. Il y a 65 ans, à cette même date, éclatait la guerre d'indépendance contre la France, qui a duré sept ans et abouti à l'indépendance de l'Algérie proclamée le 5 juillet 1962. Un anniversaire qui, tombant un vendredi, revêt une saveur toute particulière en cette année marquée par des manifestations monstres démarrées le 22 février et qui se poursuivent chaque vendredi dans tout le pays depuis. Les protestataire du «Hirak», se sont donc donnés rendez-vous ce 1er novembre pour entamer la conquête d'une «nouvelle indépendance».
Les revendications sont inchangées depuis plus de huit mois : le rejet de tout le système incarné par l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, poussé vers la sortie début avril, mais remplacé par un gouvernement d'intérim composé de ses proches. Le rejet également du chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l'homme fort du pays depuis le retrait de l'ancien président. Le rejet enfin de tout élection organisée par le «gang» au pouvoir comme aiment à l'appeler les manifestants. Une élection présidentielle est en effet prévue le 12 décembre pour tenter de mettre fin à cette période d'incertitude.
Les manifestations à Alger ont démarré dès le 31 octobre dans la soirée, dans une ambiance comme toujours plutôt bon enfant, la police n'intervenant pas à l'encontre d'une foule qui ne fait généralement preuve d'aucune violence.
Cependant, depuis le début du mouvement, de nombreuses arrestations jugées arbitraires par les manifestants ont eu lieu pendant les manifestations ou en marge de celles-ci. La libération de ces détenus d'opinion est également une des principales revendication des protestataires.