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Mort d'al-Baghdadi : Moscou réclame des preuves, et estime que la situation en Syrie est inchangée

Après l'annonce par Washington de la mort du chef de Daesh dans une opération militaire américaine, les réactions internationales se succèdent. La plupart des pays s'accordent à dire que le combat contre les groupes terroristes devra se poursuivre.

Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a affirmé dans un communiqué publié le 27 octobre ne pas avoir été informé de l'opération américaine en Syrie qui aurait conduit à la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi, annoncée plus tôt par Donald Trump. Il a par ailleurs émis des doutes sur les informations communiquées par Washington.

Moscou émet des «doutes raisonnables»

«Le ministère russe de la Défense n’a pas d’informations fiables sur la conduite par les militaires américains d’une opération, dans la partie sous contrôle turc de la zone de désescalade d'Idleb, visant à une nouvelle "élimination" de l’ancien chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi», a commenté le porte-parole. 

Estimant que les détails donnés par les différents participants à l'opération étaient «contradictoires» et soulevaient «des doutes raisonnables quant à la réalité de cette mission et, surtout, quant à son succès», le porte-parole a estimé que la simple affirmation de la présence du chef de Daesh dans une zone contrôlée par «l'al-Qaïda syrienne» méritait des «preuves directes et précises» de la part de Washington.

La mort d'Abou Bakr al-Baghdadi avait, par le passé, déjà été annoncée à plusieurs reprises puis démentie par des messages audio ou vidéo attribués à l'intéressé. Elle n'avait jamais été confirmée jusque là.

Une mort «sans signification opérationnelle» ? 

Igor Konachenkov a en outre souligné que la mort du chef terroriste n'aurait que peu d'incidence sur l'action des groupes terroristes sur le terrain : «Depuis la défaite finale de l'Etat islamique imposée par l'armée du gouvernement syrien avec le soutien des forces aériennes russes début 2018, une énième "mort" d'Abou Bakr al-Baghdadi n'a aucune signification opérationnelle ni pour la situation en Syrie ni pour les actions des terroristes restants à Idleb.»

Le porte-parole de la Défense russe a ajouté ne pas avoir été mis au courant d'une éventuelle «assistance» de Moscou aux forces aériennes américaines dans le cadre de cette opération. «Nous n'avons pas connaissance d'une quelconque assistance présumée au vol de l'aviation américaine dans l'espace aérien de la zone de désescalade d'Idlib», a résumé Igor Konachenkov. Plus tôt, le président américain avait remercié la Russie, la Syrie, la Turquie, l'Irak et les Kurdes pour le «soutien» qu'ils auraient apporté à Washington dans cette opération, sans donner davantage de détails.

Paris va «poursuivre le combat», avec ses alliés

Parmi les diverses réactions internationales à l'annonce de Donald Trump, Emmanuel Macron a affirmé sur Twitter : «La mort d'al-Baghdadi est un coup dur porté contre Daesh, mais ce n’est qu’une étape. Le combat continue avec nos partenaires de la coalition internationale pour que l'organisation terroriste soit définitivement défaite. C’est notre priorité au Levant.»

Florence Parly, ministre française des Armées, avait félicité, un peu plus tôt, les «alliés américains» de Paris. «Retraite anticipée pour un terroriste, mais pas pour son organisation. Nous poursuivrons le combat sans relâche contre Daech, avec nos partenaires, en nous adaptant aux nouvelles circonstances régionales», avait-elle ajouté.

Le commandement militaire irakien a pour sa part annoncé avoir fourni la localisation du chef du groupe djihadiste à l'armée américaine.

Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées de Washington dans la lutte contre Daesh, avait salué sur son compte Twitter une «opération historique réussie» qui est «le résultat d'un travail conjoint des renseignements avec les Etats-Unis». Il a néanmoins confié des craintes à l'AFP, notamment d'attaques djihadistes contre les Kurdes.

Le ministère turc de la Défense a de son côté fait état d'«échanges d'informations et [d']une coordination [...] entre les autorités militaires des deux pays». Au contraire de Moscou, le président turc Recep Tayyip Erdogan a jugé que la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi constituait un «tournant» dans la guerre contre le terrorisme. Selon Reuters, il a ajouté qu'Ankara continuerait à «soutenir» les opérations anti-terroristes dans la région.

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