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Poutine rencontre Erdogan quelques heures avant l'expiration de la trêve turque en Syrie

Alors que la trêve conclue en Syrie doit expirer dans la soirée, les présidents turc et russe se rencontrent ce 22 octobre à Sotchi. L'opération d'Ankara dans la région devrait être au centre des discussions entre les deux chefs d'Etat.

Les présidents turc et russe se retrouvent ce 22 octobre à Sotchi, dans le sud de la Russie, à quelques heures de l'expiration d'un ultimatum turc aux forces kurdes en Syrie. L'opération turque dans la région devrait être au centre de la discussion entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, dont les troupes sur le terrain s'efforcent d’empêcher tout affrontement entre forces turques et syriennes.

«Nous allons discuter de la situation en Syrie et, si Dieu le veut, nous prendrons les mesures qui s'imposent», a ainsi fait savoir le chef d'Etat turc Recep Tayyip Erdogan. Il a précisé, avant de s'envoler pour la Russie, qu'il évoquerait un retrait des forces kurdes des zones contrôlées par Damas. «Le processus [de trêve] s'achève aujourd'hui [...]. Si les promesses faites par les Américains ne sont pas respectées, l'opération reprendra avec une plus grande détermination», a-t-il encore ajouté.

Ankara a déclenché le 9 octobre une offensive dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe qu'il qualifie de terroriste. Cette opération est suspendue depuis le 17 octobre à la faveur d'une fragile trêve négociée entre Turcs et Américains.

Recep Tayyip Erdogan souhaite constituer une zone de 444 km de long sous contrôle turc en territoire syrien, un plan qui semble toutefois compromis par le déploiement dans certains secteurs de l'armée syrienne, appelée à la rescousse par les forces kurdes.

Moscou soucieux d'instaurer un dialogue entre Ankara et Damas

La Turquie et la Russie ont des intérêts divergents en Syrie, Ankara appuyant des groupes rebelles qui s'opposent au gouvernement, qui est quant à lui défendu par Moscou. Mais les deux pays ont accru leur coopération sur le dossier syrien depuis plusieurs années et Moscou redouble d'efforts pour nouer un dialogue entre les gouvernements syrien et turc. 

Le 10 octobre, au lendemain du déclenchement de l'opération turque, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déclarait «comprendre l'inquiétude de la Turquie concernant la sécurité de ses frontières», et avait ajouté : «Nous allons désormais défendre la nécessité d'établir un dialogue entre la Turquie et la Syrie.»

Dans cette optique, la Russie entend faire fonctionner l'accord d'Adana, conclu entre la Turquie et la Syrie en 1998, qui a pour objectif d'engager les autorités syriennes à lutter contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur le territoire syrien. «Nous aiderons à établir entre les parties de cet accord les contacts qui n’existent pas encore. Nous ferons en sorte que la question kurde, dans le cadre de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Syrie, soit résolue par la voie du dialogue entre les dirigeants kurdes et les autorités légitimes à Damas», a déclaré le chef de la diplomatie russe le 18 octobre.

L'intervention turque ne manque cependant pas d'inquiéter la Russie. Vladimir Poutine a ainsi dit craindre, le 11 octobre, que l'opération turque provoque une résurgence du groupe terroriste Etat islamique dans la région, dans la mesure où des milliers de combattants de l'organisation détenus par les Kurdes risqueraient de recouvrer la liberté.

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