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Que retenir du débat sur l'immigration à l'Assemblée nationale ?

Le 7 octobre, à l’initiative de l’exécutif, s’est ouvert au palais Bourbon un débat relatif à l’épineuse question migratoire. Admettant que la France n’a pas atteint tous ses «objectifs», Edouard Philippe s’est attiré les foudres de l’opposition.

Le débat des députés sur «la politique migratoire de la France et de l'Europe» s’est tenu ce 7 octobre, avant un débat sur le même thème, deux jours plus tard, au Sénat. Souhaitée par Emmanuel Macron, l’initiative a pour objectif affiché de repenser certains aspects de la politique migratoire française, comme le droit d’asile, ou d'étudier la possibilité de mettre en place des quotas pour réguler les flux migratoires.

L’exécutif s'intéresse à la question des «quotas»

En première ligne pour exposer la vision de l’exécutif devant les députés, le Premier ministre Edouard Philippe a admis que la France n’avait «pas atteint tous [ses] objectifs» en matière d'immigration, un an après la promulgation de la loi asile-immigration-intégration. Le texte, décrié par l’opposition de gauche et de droite – pour des raisons opposées – a notamment pour but de raccourcir à six mois, contre 11 aujourd'hui, l'instruction de la demande d'asile. 

Le système français d'asile est aujourd'hui saturé

Ainsi, cette disposition doit faciliter à la fois l'expulsion des déboutés et l'accueil des acceptés. Mais pour le locataire de Matignon, le compte n’y est toujours pas : «Le système français d'asile est aujourd'hui saturé.», a-t-il regretté, estimant que l'idée de «quotas» n'était pas «taboue». Dans la foulée, Edouard Philippe a reconnu «des dérives communautaires» en France, «une sécession insidieuse dont nous ne voulons pas», s'affirmant «évidemment prêt» à avoir un débat sur le sujet et à «répondre aux inquiétudes de nos compatriotes».

Dans ce sillage, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a estimé devant les députés que la France avait «loupé ces dernières années l'intégration» de ses immigrés. «Le cœur de notre politique d’immigration c’est la réussite de l’intégration ; c’est la clé de notre pacte républicain, c’est le meilleur rempart aussi contre le communautarisme […] Nous avons un besoin de lucidité pas de fantasmes», a prôné le patron de la place Beauvau.

«Une nouvelle opération de propagande» selon Jean-Luc Mélenchon

Sans surprise, l’opposition a fustigé l’initiative gouvernementale : à gauche, le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé «une nouvelle opération de propagande dans une campagne électorale permanente», tout en accusant le gouvernement d’ériger «l’immigré» en «bouc émissaire des problèmes du pays». Il a ainsi défendu, «l’immigré plutôt que le financier qui pille notre pays, sur lequel vous [le gouvernement] ne dites rien ; l’immigré plutôt que le fraudeur du fisc, qui vole chaque années 80 à 100 milliards à ce pays ; l’immigré, plutôt que les corrompus qui ont bradé l’industrie du pays à l’étranger».

A gauche également, le Parti socialiste, par la voix du député Luc Carvounas, a de son côté fustigé une opération de braconnage «sur les terres du Rassemblement national», alors que les Français, selon lui, «ne font pas de l’immigration un thème prioritaire». «Vous êtes vous-mêmes en train de préparer un climat délétère à l’italienne», a jugé l'élu socialiste en référence à la majorité présidentielle.

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Marine Le Pen appelle à un référendum pour faire face au «torrent migratoire»

Le leader du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, a dénoncé les débats sur l'immigration de ces dernières années, jugeant qu'ils n'avaient jusqu'alors abouti qu'à des «propos de tribune [...] des lois cosmétiques». Et l'actuel débat parlementaire, estime Marine Le Pen, «les nationaux l'ont imposé par la vigueur de leur amour pour la patrie et par la force des urnes.»

«Aujourd'hui cette séance nous l'avons parce que l'opinion publique devant le scandale absolu qu'est l'immigration, le réclamait», a-t-elle estimé, avant d'ajouter : «Ceux qui n'ont pas le choix de fuir [l'immigration] vivent dans la détresse et nous portons leur cri de souffrance.» Après avoir alerté sur une «submersion» migratoire qui «déferle sur nos villes, sur nos bourgs», la députée du Pas-de-Calais a appelé le gouvernement à organiser, plutôt qu'un débat sans vote, un référendum sur la question.

«Charte de l'immigration», «durcir le droit de la nationalité» : des propositions à droite

A droite de l’échiquier politique, les critiques sur la politique migratoire menée par l’exécutif se sont également multipliées.

Guillaume Larrivé, député de l'Yonne et candidat à la présidence du parti Les Républicains (LR), a dressé, à l'instar de Marine Le Pen,  un tableau sévère de la situation migratoire : «Immigration ou invasion ? [...] Le XXIe siècle expose la France au chaos migratoire, la géographie et la démographie nous l’annonce […] pour que la France reste la France nous devons reprendre le contrôle», a-t-il lancé devant les députés. L'élu de droite a ainsi proposé la mise en place d'une «charte de l'immigration» adossée à la Constitution et soumise à «référendum», pour donner des «pouvoirs nouveaux» au gouvernement et la suppression du droit du sol. 

Son collègue, Eric Ciotti n'a également pas été tendre envers la majorité, en qualifiant le débat souhaité par Emmanuel Macron de «stérile et inutile». Le député des Alpes-Maritime a enjoint le gouvernement à «durcir le droit de la nationalité», «expulser immédiatement les étrangers délinquants, criminels et tous ceux qui constituent une menace pour la France» et encore «rétablir les contrôles aux frontières intérieures».

Enfin, le centriste Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI et député de Seine-Saint-Denis, a souligné l’importance de réduire le différentiel de développement entre l’Europe et l’Afrique pour résoudre la problématique migratoire : «Il y a quelques années, les Danois pensaient que les problèmes de l’Afrique n’étaient pas leurs problèmes, ils ont vu à travers la crise migratoire […] que c’est aussi leur problème ; cela veut dire que le développement de l’Afrique doit les concerner tout autant que l’Italie, l’Espagne ou la France.» 

Le leader centriste a également profité de son passage à la tribune pour s’opposer à une remise en cause de l’ l’Aide médicale d’Etat (AME). «J’en ai assez d’entendre que l’AME est un cadeau fait aux gens qui viennent ici ! C’est un cadeau fait aux Français pour les protéger des maladies les plus graves, comme la tuberculose qui est réapparue en Seine-Saint-Denis.»

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