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«Je viens au nom de l'unique Venezuela» : la vice-présidente de Maduro s'est exprimée à l'ONU

La vice-présidente du Venezuela s'est exprimée devant l'Assemblée générale de l'ONU. Elle a dénoncé les tentatives de coups d'Etat et d'assassinats de la part de Washington et de son allié colombien. La délégation américaine a quitté la salle.

«Je viens au nom de l'unique Venezuela, le Venezuela digne, valeureux, celui qui ne se met pas à genoux devant le pouvoir impérial». C'est ainsi qu'a ouvert son discours la vice-présidente du Venezuela Delcy Rodriguez, le 27 septembre, devant l'Assemblée générale des Nations Unies. Une introduction en guise de réponse à la contestation par un certain nombre de pays, Etats-Unis en tête, du pouvoir du gouvernement bolivarien dirigé par le président élu Nicolas Maduro.

Le Venezuela est en paix

La délégation américaine a immédiatement et ostensiblement quitté la salle quand Delcy Rodriguez prenait la parole, publiant même une vidéo de ce départ collectif accompagné de ce message teinté de mépris : «Les mensonges et la tromperie du régime Maduro ont corrompu la charte de l'ONU. Nous nous rassemblons pour résoudre les problèmes du monde, pas pour rester à l’écoute pendant que Maduro affame le peuple du Venezuela. C’est pourquoi nous nous sommes joints à d’autres nations pour sortir de l'Assemblée générale lorsque la copine de Maduro est montée sur scène.»

«Le Venezuela est en paix», a poursuivi, imperturbable, la vice-présidente, tout en dénonçant vigoureusement les «tentatives de coup d'Etat fomentés par des secteurs extrémistes de l'opposition ainsi que les tentatives d'assassinat contre le président Nicolas Maduro et les hauts dirigeants politiques et militaires du Venezuela».

Pour répondre aux accusations contre le pouvoir vénézuélien de maltraitance à l'égard du peuple, Delcy Rodriguez a tenu à rappeler qu'il existe «un système de protection sociale au Venezuela qui bénéficie à quasi 19 millions de personnes sans aucune distinction». C'est, selon elle, ce «système d'inclusion, de justice et de protection que le gouvernement des Etats-Unis a désigné comme un objectif à détruire» car c'est une «menace à son modèle de suprématie capitaliste».

350 mesures coercitives qui ont coûté 130 milliards de dollars

La vice-présidente du Venezuela a ensuite expliqué les conséquences des sanctions économiques infligées par le gouvernement américain à son pays.

«Entre 2015 et 2018, le gouvernement des Etats-Unis a décrété plus 350 mesures coercitives unilatérales contre la République bolivarienne du Venezuela», a-t-elle déclaré, dénonçant notamment «l'appropriation des ressources et actifs à l'extérieur, le blocus financier et commercial total, l'atteinte à l'alimentation, à la santé et à l'enseignement». Ces sanctions ont entraîné des pertes pour l'économique vénézuélienne d'une valeur de «130 milliards de dollars», a assuré la vice-présidente, évoquant «un terrorisme économique».

A cet égard, elle a comparé ce que vit le Venezuela actuellement à des situations similaires vécues par Cuba pendant 50 ans ou par le Nicaragua, aussi victimes, selon elle, de «l'impérialisme américain» et de «la doctrine Monroe».

Les mensonges du président colombien

La vice-présidente a ensuite interpellé le président colombien Ivan Duque qu'elle a accusé d'avoir menti à cette même tribune. Elle a assuré que le Venezuela possédait «des preuves» que la Colombie «abrit[ait] des camps d'entraînement de terroristes pour agresser le Venezuela».

En effet, le 25 septembre, le président colombien Ivan Duque avait affirmé pour sa part que Caracas soutenait des groupes armés et des trafiquants de drogue intervenant dans son pays. Le lendemain, il a remis au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, un dossier présentant des «preuves» de la présence de guérilleros de l'Armée de libération nationale (ELN) au Venezuela, mais contenant de fausses informations pour au moins une photo.

Cette image, censée, selon Ivan Duque, montrer une scène dans l'Etat de Tachira au Venezuela, a en réalité été remise en 2015 au quotidien El Colombiano de Medellin par des agents du renseignement militaire, affirmant qu'il s'agissait de guérilleros de l'ELN en train de recruter des enfants à El Tambo, dans le département du Cauca, sur la côte Pacifique colombienne, à près de... 1 200 kilomètres de la frontière vénézuélienne.

Les photos de Juan Guaido avec des narcotrafiquants 

Delcy Rodriguez a ensuite brandi devant les dirigeants du monde la photo de Juan Guaido – président autoproclamé du Venezuela le 23 janvier et reconnu comme tel par les Etats-Unis et de nombreux pays, dont la France – posant à côté d'un membre de Los Rastrojos, une bande de «narcotrafiquants et paramilitaires» colombiens.

«Je vous la montre pour que vous sachiez ce que nous affrontons», a déclaré la vice-présidente. «Nous affrontons l'instrumentalisation de bandes criminelles, d'organisations paramilitaires et de narcotrafiquants pour déstabiliser le Venezuela», a-t-elle détaillé.

La responsable a fait savoir que les autorités vénézuéliennes avaient envoyé à la Cour pénale internationale «une vidéo contenant les aveux complets d'un chef de la bande paramilitaire Los Rastrojos», afin de l'inciter à mener une enquête préliminaire sur la Colombie et le paramilitarisme.

De l'autre côté de la planète, le président vénézuélien Nicolas Maduro était accueilli par Vladimir Poutine, le 25 septembre, à Moscou. Leur rencontre a été l'occasion pour le président russe d'affirmer une nouvelle fois son soutien à Nicolas Maduro, qu'il estime être l'«autorité légitime» du Venezuela. «Nous soutenons toujours les autorités légitimes et sommes très heureux de vous voir en Russie», a-t-il ainsi déclaré au cours de leur rencontre. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, présent lui à New York, s'est exprimé peu avant Delcy Rodriguez. Il a assuré que «la Russie, comme la majorité écrasante des Nations Unies, rejette toute tentative de réimposer en Amérique latine les règles de la doctrine Monroe en renversant des gouvernements souverains». 

Meriem Laribi

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