Vendredi 27 septembre
La vice-présidente vénézuélienne interpelle le président colombien Ivan Duque. Elle assure que le Venezuela possède «des preuves» que la Colombie «abrite des camps d'entraînement de terroristes pour agresser le Venezuela». Elle assure également avoir présenté à l'Assemblée générale de l'ONU les coordonnées de ces camps. «Le Venezuela est un Etat de droit, notre territoire est intouchable», prévient-elle en informant les Nations unies que «les Etats-Unis et leurs satellites régionaux préparent, depuis le sol colombien, une agression contre le Venezuela». «Ce qui met en danger la stabilité et la sécurité de notre continent», regrette-t-elle.
Delcy Rodríguez accuse les Etats-Unis d'avoir mis en place, durant la période 2015-2019, «plus de 350 mesures coercitives unilatérales contre le Venezuela» pour «asphyxier» son économie. Elle accuse aussi les Américains de bombardements illégaux dans le monde, avec notamment près 121 bombardements par jour en moyenne depuis le début du mandat de Donald Trump. Les Etats-Unis «militarisent les relations internationales», ajoute-t-elle. Elle charge le blocus américain contre le Venezuela, évoquant «un terrorisme économique». Elle évoque aussi le cas de Cuba ou du Nicaragua victimes, selon elle, de «l'impérialisme américain» et de «la doctrine Monroe».
La vice-présidente de la République bolivarienne du Venezuela Delcy Rodríguez annonce «une bonne nouvelle» : son pays est «en paix» et ce malgré «la campagne médiatique» pour «déstabiliser le Venezuela», et malgré les tentatives «de coup d'Etat» et «d'assassinats» contre le président Nicolas Maduro et d'autres responsables vénézuéliens.
Pour Sergueï Lavrov, une réforme du conseil de sécurité est «une priorité». Il propose un élargissement du conseil de sécurité afin que tous les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine puissent se sentir représentés. «Les réalités d’un monde multipolaire rendent nécessaires la recherche d’une solution qui pourrait remédier aux déséquilibres actuels», argumente-t-il.
Sergueï Lavrov a critiqué l’action de l’Otan et des Etats-Unis, notamment dans leur course aux armements. Le Russie ne déploiera pas de «capacités nucléaires à portée intermédiaire en Europe ou dans d’autres régions si les Etats-Unis respectent aussi leur engagement», assure le ministre russe des Affaires étrangères.
Sergueï Lavrov rappelle que «la Russie comme la majorité écrasante des Nations unies rejette toute tentative de réimposer en Amérique latine les règles de la doctrine Monroe en renversant des gouvernements souverains». Sergueï Lavrov prend ici exemple de la situation actuelle au Venezuela menacée, selon lui, par des forces extérieures.
Le ministre russe des Affaires étrangères déplore le fait qu’il y ait «de plus en plus de manipulation des consciences publiques, une propagation d’informations mensongères, le deux poids deux mesures dans le domaine des droits de l’homme, la répression de certains médias que l’on ne souhaite pas voir prospérer ou des interdictions imposées à certains journalistes».
Sergueï Lavrov vise les pays occidentaux qui se proclament «libéraux» et «progressistes» et veulent imposer «des règles au détriment du droit international». «Des règles qui sont imposées en fonction des intérêts des uns et des autres», critique-t-il. Le ministre russe des Affaires étrangères prend ainsi pour exemple : «Quand ça les arrange, ces pays reconnaissent le droit à l’autodétermination comme valeur suprême et dans d’autres cas, ils estiment que c’est illicite ou illégal.»
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, estime que l’occident a du mal à admettre que «leur domination est en train de faiblir». «Une domination qui a duré des siècles», ajoute-t-il. Il poursuit : «Aujourd’hui, nous voyons émerger de nouveaux centres de croissance économique et d’influence politique [...] Il faut trouver un équilibre entre tous les Etats, [en prenant appui sur la charte des Nations unies].»
Le protectionnisme pourrait provoquer une récession mondiale, a estimé ce 27 septembre à la tribune de l'ONU le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, en assurant que son pays allait rester ferme dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis.
«Les tarifs douaniers et la provocation de conflits commerciaux qui bouleversent les chaînes industrielles et d'approvisionnement mondiales, sapent le régime commercial multilatéral et l'ordre économique et commercial mondial. Ils pourraient même plonger le monde dans une récession», a-t-il dit devant l'Assemblée générale des Nations unies, dans une allusion implicite à la politique américaine.
Le chef du gouvernement pakistanais Imran Khan est longuement revenu sur le conflit qui oppose son pays à l'Inde dans la région du Cachemire, mettant directement en cause «la pure arrogance» de son homologue indien Narendra Modi dans cette crise.
Il a critiqué la décision de ce dernier de révoquer l'autonomie constitutionnelle du Cachemire, se désolant que le monde n'ait pas réagi, parce que «l'Inde est un marché immense».
«Pensez à ce qui va se passer quand le couvre-feu sera levé. Ce sera un bain de sang, parce que les gens vont sortir. Il y a [des milliers] de soldats là bas, et [Narendra Modi] dira que c'est pour la prospérité du Cachemire, pour le bien du Cachemire», a encore mis en garde Imran Khan.
C'est au tour du Premier ministre pakistanais Imran Khan de prendre la parole.
Estimant que «la contribution de l'Inde au réchauffement de la planète [était] dérisoire», Narendra Modi n'en a pas mois vanté les efforts de son pays pour «régler ce problème». «D'une part nous nous efforçons d'atteindre l'objectif de 450 gigawatts d'énergie renouvelable, et d'autre part, nous sommes à l'initiative de la création de l'alliance solaire nationale», a-t-il déclaré.
Tout en prenant en compte ces problématiques, le chef du gouvernement indien a tenu à rappeler sa «détermination à garantir le développement de [son] pays à un rythme accéléré».
A la tribune de l'ONU, le Premier ministre indien Narendra Modi s'est félicité des programmes mis en place par son pays en matière sanitaire et écologique. Il a notamment salué le lancement d'une grande campagne contre le plastique non-réutilisable.
Le Premier ministre indien Narendra Modi prend la parole.
Jeudi 26 septembre
Le nouveau président du Salvador, Nayib Bukele, a choisi l'originalité pour sa première prestation à l'Assemblée générale des Nations unies : il s'est pris en selfie avant de prendre la parole à la tribune.
A peine monté sur le podium, le président salvadorien a salué l'assistance clairsemée, son épouse tenant dans ses bras leur bébé, puis a demandé «une seconde» pour se prendre en photo. «Bien plus de gens verront ce selfie plutôt que d'entendre ce discours», a-t-il déclaré, prenant ensuite une grande inspiration en riant: «J'espère qu'elle va être bonne !»
A 38 ans, Nayib Bukele est au pouvoir depuis début juin. En trois mois, sa communication s'est appuyée largement sur les réseaux sociaux et par des discours affichant une volonté de rompre avec le passé.
Dans son discours, il s'est notamment distingué par ses critiques sur le format de la grand-messe diplomatique annuelle de l'ONU, qualifiée «d'obsolète». «Tous les discours de cette semaine ont moins d'impact que celui d'un célèbre youtuber», a-t-il lancé.
Malgré la reconnaissance – par les Etats-Unis notamment – de Jérusalem comme capitale d'Israël, la ville demeurera «la capitale éternelle de la Palestine» a fait savoir Mahmoud Abbas.
Mahmoud Abbas a rappelé que Benjamin Netanyahou avait annoncé qu'il annexerait la vallée du Jourdain s'il remportait les élections israéliennes. Il a mis en garde sur l'éventuelle réaction de la Palestine si la souveraineté d'Israël était appliquée sur ce territoire.
S'exprimant à la tribune de l'ONU ce 26 septembre, le président palestinien Mahmoud Abbas a pressé la communauté internationale de «mettre un terme à l'agression et à l'arrogance israélienne». «Que feriez-vous si quelqu'un essayait de se saisir du territoire de votre pays ?», a-t-il questionné.
Mercredi 25 septembre
Le chef d'Etat iranien a également demandé à l'Arabie saoudite, «d'arrêter» la guerre au Yémen.
A la tribune des Nations Unies, le président iranien, Hassan Rohani, a fait savoir refuser «toute négociation» avec les Etats-Unis «tant qu'il y a des sanctions». Ne «croyant pas» à la sincérité d'une volonté américaine de négocier, il a expliqué que la réponse iranienne à des pourparlers «sous pression» était «non».
Le ministre russe des Affaires étrangères, Serguëi Lavrov, a fait savoir avoir discuté avec Volodymyr Zelensky de la situation dans le Donbass. «Ce n'étaient pas des négociations, c'était une conversation. Nous avons discuté de la situation dans laquelle nous sommes. Les deux parties ont exprimé leur intérêt à résoudre la situation dans le Donbass conformément aux accords de Minsk», a-t-il déclaré.
Lors de son adresse à la tribune de l'ONU, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a tenu un discours centré sur la paix dans le monde. «Un dirigeant fort n’est pas celui qui, en un clin d’œil, envoie des milliers de soldats à mort. Un leader fort est celui qui sauve la vie de tout le monde», a-t-il notamment expliqué.
Il a également accusé la Russie d’avoir mené «une guerre au cœur de l’Europe» et a montré à la tribune une balle comme symbole de «l’agression russe». Le dirigeant ukrainien a en outre fait référence aux hostilités dans le Donbass : «Plus de 13 000 morts, 30 000 blessés, et un million et demi de personnes sont obligées de quitter leur domicile. C’est pourquoi la fin de la guerre, le retour de tous les territoires ukrainiens occupés et la paix constituent ma mission». Contrairement à son prédécesseur, Petro Porochenko, Volodymyr Zelensky a préféré prononcer son discours en ukrainien plutôt qu'en anglais.
Lors de son discours prononcé le 24 septembre à New York à l'Assemblée générale de l'ONU, Emmanuel Macron a appelé à l'apaisement des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran, dénoncé les inégalités liées au mondialisme, critiqué le repli nationaliste et abordé les enjeux liés au réchauffement climatique.
Mardi 24 septembre
Dans son discours, le président français s'est opposé à un «mondialisme qui oublie les peuples».
«Je rejoins à cet égard ce que le président Trump a pu dire ce matin», a ajouté Emmanuel Macron, en précisant que les problèmes traversés ne pouvaient pas non plus être réglés par le «repli nationaliste».
«Le président [ukrainien Volodymyr] Zelensky a amorcé des premiers pas, le président [russe Vladimir] Poutine a su lui répondre, des progrès ces dernières semaines ont été faits», a déclaré Emmanuel Macron sur la perspective d'une «paix durable» en Ukraine.
«Je n’ai aucune naïveté et je ne crois pas non plus aux miracles, je crois au courage de bâtir la paix, et je crois que les Etats-Unis d’Amérique, que l’Iran, que tous les signataires de cet accord [sur le nucléaire iranien] ont ce courage», a déclaré le président français à propos de la montée de tensions entre Etats-Unis et Iran.
«Le temps est à la reprise des négociations», entre Washington, les signataires de l'accord sur le nucléaire et les puissances de la région, a affirmé le chef d'Etat.
Prenant la parole à l'Assemblée générale de l'ONU, Emmanuel Macron a jugé que les Etats n'étaient pas encore «au rendez-vous» des objectifs fixés en matière de lutte contre le changement climatique.
Il a invoqué l'écrivain et dissident soviétique Alexandre Soljenitsyne lors de son discours prononcé devant les étudiants de Harvard, le 8 juin 1978 : «Il nous manque le courage.»
Le président bolivien Evo Morales déclare à l'Assemblée générale des Nations Unies : «Le monde est contrôlé par une oligarchie mondiale, par une poignée de multimillionnaires qui décident du destin politique et économique de l'humanité.» Le chef d'Etat a jugé «immorales», «inadmissibles», les très fortes inégalités économiques au niveau mondial, dénonçant le système capitaliste.
Le président turc s'est élevé contre les discours de haine, notamment l'«islamophobie». Il a appelé à agir «contre cette maladie» que est, selon lui, utilisée par «les populistes» en priorité contre les «migrants et les musulmans».
«Les musulmans sont les premières victimes du discours de haine, de discrimination, de diffamation et d'atteinte à leurs valeurs sacrées. L'exemple le plus frappant fut l'attaque terroriste de mars dernier à Christchurch en Nouvelle-Zélande», a-t-il rappelé.
Le président turc a par ailleurs jugé «inacceptables» les «actes terroristes prenant pour cible les chrétiens au Sri Lanka» et «les juifs, aux Etats-Unis».
«La Turquie se tiendra au côté du peuple opprimé de Palestine, comme nous l'avons toujours fait», a déclaré le président turc à son auditoire.
«On n'oubliera jamais des bébés comme Aylan dont les corps sans vie ont échoué sur les côtes [...] il y a des millions de bébés Aylan pour lesquels nous devons agir, c'est une responsabilité que nous devons assumer», a déclaré Recep Tayyip Erdogan, en brandissant une photo de l'enfant mort en 2015.
Le président turc a déclaré venir en aide aux enfants réfugiés en les logeant et en les éduquant, mais a déploré n'avoir reçu que «moins de trois milliards d'euros» de fonds dédiés au Croissant-Rouge turc de la part de l'Union européenne.
Pendant son discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'honore du fait, selon lui, que son pays est le «plus généreux» en terme d'aide humanitaire ainsi que le pays accueillant le «plus grand nombre de déplacés» dans le monde.
«Nous accueillons cinq millions de demandeurs d'asile qui fuient les conflits, la famine la misère et la persécution», rappelle-t-il.
«La crise syrienne doit cesser une fois pour toute. La Turquie est le pays le plus durement touché par la menace de Daesh», déclare-t-il, par ailleurs, en ajoutant que son pays a neutralisé environ 3 500 terrorises issus de de cette organisation.
Sur l'immigration illégale, Donald Trump a estimé qu'elle était l'un des plus grands défi à relever, qu’elle venait «saper la prospérité», et déchirer les sociétés, ne garantissant pas la sécurité pour «toutes les personnes concernées».
«Les pays d'origine [des immigrés] se vident à un rythme effréné [...] c’est autant de capital humain qui est gaspillé [...] les pays de destination sont débordés», a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs fustigé les ONG et militants qui «exigent que l'on fasse disparaître» les frontières, les accusant de promouvoir la «traite des personnes».
«Vos politiques ne sont pas justes, elles sont cruelles, elles sont mauvaises [...] vous sapez la dignité humaine», a-t-il accusé en revendiquant «le droit absolu [pour tout Etat] de protéger ses frontières».
Donald Trump vante la sortie de son pays de l'accord sur le nucléaire iranien. Il s'est livré à une violente diatribe contre l'Iran, qualifié de «régime oppressif», qui «sème mort et destruction». Il a accusé ce pays d'être le «premier parrain du terrorisme», notamment en Syrie et au Yémen.
«Tant que l'Iran continue de nous menacer, les sanctions ne seront pas levées», a-t-il annoncé non sans préciser que son pays avait imposé les «sanctions les plus dures jamais imposées à la banque centrale iranienne», en raison de l'attaque sur les installations pétrolières saoudiennes qu'il leur attribue.
Donald Trump a par ailleurs estimé qu'«aucun gouvernement responsable ne peut appuyer l'Iran assoiffé de sang».
Donad Trump assure travailler avec le Premier ministre britannique Boris Johnson pour mettre en place un «accord commercial absolument extraordinaire» avec le Royaume-Uni.
Donald Trump estime que «l’avenir n’appartient pas aux mondialistes [mais] aux patriotes, [...] aux nations souveraines, indépendantes, qui protègent leurs citoyens, respectent leurs voisins, honorent les différences qui font que chaque pays est unique».
«Les dirigeants sages donnent toujours la priorité au bien-être de leur peuple, de leur nation», a-t-il par ailleurs déclaré, affirmant mener avec son administration, une politique de «renouveau national».
«Les Etats-Unis constituent de loin la nation la plus puissante au monde. Nous espérons que nous n'aurons jamais à utiliser cette puissance», déclare Donald Trump devant l'ONU.
«Mon gouvernement s'est engagé en faveur de la préservation de l'environnement et du développement durable», explique Jair Bolsonaro, qui estime que le Brésil est «un des pays qui protège le mieux l'environnement».
Sur l'Amazonie, le président brésilien réfute le fait qu'elle puisse appartenir au patrimoine de l'humanité, et affirme avoir fait le nécessaire pour préserver la forêt malgré les incendies :«Certains pays au lieu d'aider [...] ont fait des déclarations irrespectueuses dans un esprit colonial, ils ont remis en question ce qui est le plus sacré pour nous, la souveraineté», déclare-t-il.
«L'Amazonie n'est pas ravagée par les flammes, comme les médias veulent le faire croire», a-t-il par ailleurs déclaré.
Le président brésilien se livre à une vive critique de Cuba et du Venezuela, qualifiés de pays où «tout le monde est pauvre et où personne jouit de sa liberté».
«Nous travaillons aussi avec d'autres pays, comme les Etats-Unis afin de rétablir la démocratie au Venezuela», déclare le président brésilien.
«Je viens ici devant vous pour vous présenter un nouveau Brésil, un Brésil qui renaît aujourd'hui après avoir frôlé le socialisme», entame Jair Bolsonaro devant l'Assemblée.
Jair Bolsonaro, président du Brésil est invité à prendre la parole.
«Il nous faut rétablir l'intégrité du régime international de protection des réfugiés et tenir les promesses de partage des responsabilités du pacte mondial sur les réfugiés», déclare en français António Guterres.
Évoquant le pacte de Marrakech, le secrétaire général de l'ONU estime qu'«il faut renforcer la coopération internationale pour une migration régulée et ordonnée et retirer la gestion des mouvements migratoires des mains des passeurs et criminels».
«L'urgence climatique est une course contre la montre», déclare António Guterres qui estime qu’on «ne peut plus nier les vérités scientifiques» du climat.
La séance est ouverte. António Guterres, le secrétaire général des Nations unies prend la parole.
Tensions Washington-Téhéran, préservation de l'environnement, avenir de la Syrie, flux migratoires... Autant de questions que pourront aborder les chefs d'Etat et de gouvernement du monde, lors du débat général de la 74e session annuelle de l'ONU, du 24 au 30 septembre.