Les Etats-Unis sont-ils en train de prendre en otage les Nations Unies ? Etat hôte du siège de l'ONU, ayant en principe l'obligation d'accorder rapidement des visas aux responsables internationaux afin d'assister aux réunions, Washington semble en passe d'empêcher le président iranien de participer à l'Assemblée générale des Nations Unies qui doit se tenir fin septembre.
Ainsi, le voyage de Hassan Rohani à New York «pourrait être annulé», faute de visas délivrés par Washington, a rapporté le 18 septembre l'agence de presse iranienne Irna.
La délégation iranienne qui devait se rendre à New York pour préparer la venue de Hassan Rohani n'a pas encore été en mesure de faire le voyage, ses membres n'ayant pas obtenu de visas, explique l'agence.
Interrogé le 18 septembre à ce sujet lors d'une conférence de presse, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a dit espérer que le problème serait rapidement résolu grâce à des contacts pris par l'organisation internationale. «Nous avons été en contact avec le pays hôte», les Etats-Unis, «et j'espère que cela va résoudre le problème», a-t-il déclaré.
De son côté, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'est montré ambigu sur ce sujet à son arrivée en Arabie saoudite, frappée le 14 septembre par des attaques contre ses installations pétrolières, attribuées par Riyad comme par le diplomate américain à Téhéran.
«Nous ne parlons pas de l'octroi ou de l'absence d'un octroi de visas», a-t-il dit à des journalistes. «Si vous avez des liens avec une organisation terroriste étrangère... je ne sais pas», a-t-il ajouté. «Il me semble qu'il y a une bonne raison de s'interroger sur la question de savoir s'il faut leur permettre d'assister à des réunions portant sur la paix», a également précisé Mike Pompeo.
Le chef de la diplomatie iranienne ironise
Grand rendez-vous diplomatique mondial, l'Assemblée générale de l'ONU doit s'ouvrir formellement le 24 septembre. L'Iran doit intervenir à la tribune de cette session le 25 septembre, au lendemain des interventions des présidents américain Donald Trump et français Emmanuel Macron.
Selon Irna, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a prévu de quitter Téhéran pour New York le 20 septembre au matin, trois jours avant Hassan Rohani. «Mike Pompeo tente de se soustraire à l'obligation des États-Unis de délivrer des visas aux délégués des Nations Unies en s'auto-arrogeant des prérogatives», a déploré le chef de la diplomatie iranienne sur son compte Twitter.
L'annulation du voyage des dirigeants iraniens ruinerait définitivement les efforts entrepris par la France en vue d'une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani en marge de l'AG onusienne, même si un tel tête-à-tête apparaît encore hautement hypothétique à ce stade. En juillet, les Etats-Unis avaient déjà été critiqués par l'ONU pour avoir accordé à Javad Zarif un visa limitant drastiquement ses déplacements à New York, où celui-ci devait assister à une réunion onusienne sur le développement durable.
«Les diplomates américains ne se promènent pas autour de Téhéran, nous ne voyons donc aucune raison à ce que les diplomates iraniens puissent se déplacer librement à New York», avait alors justifié le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo au quotidien Washington Post, accusant son homologue d'utiliser ses séjours aux Etats-Unis pour «diffuser une propagande malveillante». Les relations diplomatiques entre Washington et Téhéran sont rompues depuis 1980 lors de la crise des otages retenus à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran.
Dans le cadre de sa politique de «pression maximale» sur la République islamique, Washington a ajouté le 31 juillet le nom de Javad Zarif à sa liste noire des personnes faisant l'objet de sanctions financières américaines.
Le gouvernement américain avait alors indiqué qu'il chercherait aussi à empêcher ses voyages à l'étranger, mais pas à l'empêcher de participer aux activités de l'ONU à New York.
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