Lors d'une conférence de presse ce 10 septembre, le chef de l'exécutif pro-Pékin de Hong Kong a réagi aux revendications d'opposants politiques qui, dans le cadre du mouvement de protestation qui secoue la mégapole depuis le début de l'été, sollicitent ouvertement une aide américaine.
Appelant Washington à privilégier les «intérêts mutuels» entre les Etats-Unis et Hong-Kong, Carrie Lam a notamment mis en garde contre une ingérence américaine. «Il est extrêmement inapproprié pour un pays de s'ingérer dans les affaires de Hong Kong», a-t-elle déclaré aux journalistes, estimant qu'un tel cas de figure pourrait porter atteinte aux relations commerciales privilégiées entre la nation nord-américaine et le territoire semi-autonome chinois.
Deux jours après un important rassemblement de l'opposition devant le consulat des Etats-Unis à Hong Kong, lors duquel les manifestants avaient appelé le Congrès américain à adopter un projet de loi exprimant son soutien au mouvement de contestation, Carrie Lam a dit espérer que «plus personne à Hong Kong ne se mobilis[e] pour demander aux Etats-Unis d'adopter une telle loi».
L'exécutif de Hong Kong et Pékin avaient déjà, auparavant, dénoncé ce qu'ils considèrent être des tentatives américaines d'ingérence. Le 8 août par exemple, le ministère chinois des Affaires étrangères exprimait son «profond mécontentement» vis-à-vis des autorités américaines après la révélation par la presse d'une rencontre entre le chef de la section politique du consulat général américain de Hong Kong et des militants anti-gouvernement.
Une semaine plus tard, des médias publics chinois publiaient une vidéo pointant l'existence de liens entre Washington et des personnalités politiques au cœur du mouvement de contestation.
Les Etats-Unis partagés entre interventionnisme et pragmatisme ?
Au fil des manifestations qui secouent la mégapole chinoise semi-autonome, nombre de personnalités politiques américaines ont exprimé leur soutien à la mobilisation de ceux qu'ils estiment être les porte-paroles de la démocratie.
«Puissions-nous tous être solidaires du peuple de Hong Kong lorsqu'il se prononce en faveur de la démocratie, de l'absence de répression et d'un monde qu'ils aspirent à voir», tweetait par exemple, le 13 août, la démocrate Hillary Clinton, ancienne rivale de Donald Trump.
Un constat visiblement partagé en haut lieu dans le camp républicain, comme en témoigne, la réaction du chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell qui, le 12 août, félicitait le peuple de Hong Kong de «se défend[re] bravement contre le Parti communiste chinois alors que Pékin tente d'empiéter sur son autonomie et sa liberté». Le sénateur américain avait également mis en garde l'exécutif chinois : «Toute répression violente serait totalement inacceptable. Comme je l'ai dit au Sénat : le monde regarde.»
Pour sa part, le président américain Donald Trump, loin de s'imposer comme le plus interventionniste pour l'heure, a adopté une position plus pragmatique alors que la guerre commerciale qui sévit entre Washington et Pékin s'est nettement intensifiée depuis le début du mois d'août. Comme le rapporte l'AFP, Donald Trump a ainsi appelé à une résolution pacifique de la crise politique, tout en rappelant qu'il revenait à la Chine de gérer ce conflit.
Si les relations sino-américaines se développent sur le fil du rasoir, Pékin a également critiqué ce 10 septembre l'attitude de Berlin. «Quelques médias et politiques allemands tentent de renforcer leur attractivité et d'attirer l'attention sur eux en se servant de séparatistes anti-Chine. Faire du show politique est [une méthode] extrêmement erronée», a dénoncé Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, après une récente rencontre entre le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, et l'opposant politique hongkongais Joshua Wong.
Fabien Rives
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