Le bilan est encore une fois très lourd au Yémen. Plus de 100 personnes sont mortes et au moins 40 autres ont été blessées ce 1er septembre dans une frappe de la coalition emmenée par Riyad, sur un centre de détention tenu par les rebelles chiites houthis, au sud de la capitale Sanaa, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Yémen.
Plus tôt dans la matinée, la coalition avait de son côté informé avoir mené des raids aériens contre une «position militaire où sont stockés des drones et des missiles» dans la ville de Dhamar, dans l'ouest du pays, selon un communiqué relayé par la chaîne de télévision saoudienne Al-Ekhbariya.
Cette coalition sous commandement saoudien, à l'offensive depuis cinq ans dans ce pays dévasté, avait pourtant affirmé «prendre toutes les mesures de précaution nécessaires pour protéger les civils».
«Nous estimons que plus de 100 personnes ont été tuées» dans cette frappe, a déclaré Franz Rauchenstein, à la tête du CICR au Yémen, qui s'est rendu sur place.
Au moins 40 blessés ont été hospitalisés dans plusieurs hôpitaux de Dhamar, selon cette même personne.
«A l'heure à laquelle nous parlons, les équipes [du CICR] sont en train de travailler sans relâche pour trouver des survivants sous les décombres [dont les chances de survie sont] très faibles», a-t-il ajouté.
Il avait plus tôt indiqué que le bâtiment ciblé était un «lieu de détention» dans lequel s'était déjà rendu le CICR à plusieurs reprises.
Sur Twitter, le CICR au Yémen a indiqué transporter 200 sacs mortuaires vers le lieu du bombardement.
De leur côté, sur leur chaîne de télévision Al-Masirah, les Houthis ont affirmé que des dizaines de personnes avaient été tuées ou blessées dans sept frappes, précisant qu'un bâtiment utilisé comme prison avait été touché.
Le conflit au Yémen, où l'Arabie saoudite mène une coalition militaire régionale depuis 2014, a fait des dizaines de milliers de morts, et trois millions de déplacés, selon les Nations unies. Cette situation a donné lieu à «la pire catastrophe humanitaire actuelle» selon l'ONU.
«80% de la population, soit 24 millions de personnes, ont besoin d'une forme d'aide humanitaire ou de protection, dont 14,3 millions de manière urgente», assure le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.
De nombreux hôpitaux ont été endommagés ou détruits par les bombardements de la coalition sous commandement saoudien. Des frappes ont en outre provoqué la mort d'innombrables civils dont beaucoup d'enfants.
En novembre 2018, l'Unicef a d'ailleurs qualifié le Yémen d'«enfer sur terre» pour les enfants, avec 1,8 million d'enfants âgés de moins de cinq ans en situation de «malnutrition aigüe».
Le pays a été affecté par le choléra, avec plus de 2 500 morts entre avril et décembre 2017 causés par cette infection, selon les derniers chiffres officiels dont nous disposons.
La France a vendu pour 11 milliards d'euros d'armes et de matériel militaire à l'Arabie saoudite en neuf ans. Un commerce dont l'éthique est très critiquée par de nombreuses ONG.