Il devait prendre la tête de l'Instex, cette instance qui doit permettre à l'Europe de commercer avec l'Iran malgré les sanctions américaines, mais l'histoire a tourné court.
Bernd Erbel, ancien ambassadeur allemand à Téhéran et à Bagdad «a informé le ministère des Affaires étrangères qu'il [n'était] pas disponible pour des raisons personnelles», a déclaré une porte-parole de ce ministère allemand dont les propos sont rapportés par l'AFP.
Ce diplomate pressenti pour diriger l'Instex aurait donc renoncé de son plein gré au poste qui lui était offert. Pourtant, tout porte à croire qu'il a été poussé vers la sortie. Sa décision intervient en effet en pleine polémique suscitée par les propos qu'il a tenus à l'égard d’Israël et de l'Iran, jugés controversés notamment par le quotidien le plus lu d'Allemagne, Bild, connu pour ses positions pro-Israël.
C'est une interview accordée mi-juillet à Ken Jebsen, un youtubeur mis en cause par le passé pour des propos jugés antisémites, qui a heurté le quotidien allemand. Dans cet entretien, Bernd Erbel estimait qu'Israël était «plus que jamais un corps étranger dans la région» du Moyen-Orient, incapable d'avoir de l'empathie pour les Palestiniens pour des raisons «psychologiques».
«On a le sentiment là-bas que les gens pensent que seuls les autres peuvent commettre l'injustice car eux n'ont été victimes que d'injustice», avait-il ajouté. Bild s'est alors indigné de telles déclarations venant d'un diplomate allemand, alors que Berlin a fait de la défense d'Israël l'alpha et l'omega de sa politique au Moyen-Orient.
Le diplomate est aussi critiqué pour des propos sur l'Iran, qui selon lui est un pays aujourd'hui pacifique et dont la dernière agression guerrière remonterait à 1748 en Inde.
Les pays européens, qui cherchent un moyen de maintenir le dialogue avec l'Iran sur le nucléaire en lui permettant de commercer avec eux, n'avaient sans doute pas besoin d'une telle polémique.
L'Instex, basé à Paris, doit fonctionner comme une chambre de compensation permettant à l'Iran et aux pays européens de se passer du dollar.
Washington a adopté des mesures punitives contre Téhéran après s'être retiré en mai 2018 de l'accord international prévoyant une limitation du programme nucléaire iranien. Mais les Européens sont eux restés partie prenante de cet accord signé en 2015 et tentent de garantir à l'Iran les retombées économiques prévues par ce texte
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