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Iran : Donald Trump écorche Emmanuel Macron

Donald Trump a attaqué Emmanuel Macron après qu'un média a révélé l'invitation transmise par celui-ci à Hassan Rohani à la réunion du G7. Malgré un démenti de la diplomatie française, le président américain n'a pas semblé apprécier l'initiative.

Décidément, la longue et tumultueuse histoire d’amour entre Emmanuel Macron et Donald Trump n’est pas prête de finir. Dans une énième diatribe sur Twitter, dont le 45e président des Etats-Unis a le secret, celui-ci est revenu sur la situation économique de l’Iran, profitant de l’occasion pour tacler son homologue français.

«L’Iran a de graves problèmes financiers. Ils veulent désespérément parler aux États-Unis, mais reçoivent des signaux contradictoires de la part de tous ceux qui prétendent nous représenter, y compris le président français Emmanuel Macron. Je sais qu’Emmanuel pense bien faire, comme les autres, mais personne ne parle pour les Etats-Unis à l’exception des Etats-Unis eux-mêmes. Personne n'est autorisé de quelque manière que ce soit, sous quelque forme que ce soit, à nous représenter!», a-t-il déclaré sur le réseau social le 8 août. L’Elysée n’a pour le moment pas réagi.

Le successeur de Barack Obama n’a pas dû goûter l’information, publiée par le site d’informations Al-Monitor, selon laquelle Emmanuel Macron aurait invité le président iranien Hassan Rohani à participer à la prochaine réunion du G7 qui se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août prochain. Le média basé à Washington rapportait une discussion téléphonique de presque deux heures entre les deux présidents au cours de laquelle aurait été abordé, entre autres, le sujet du programme nucléaire iranien.

Si Al-Monitor précise qu’Hassan Rohani a décliné l’invitation, une source diplomatique française a quant à elle démenti l’information auprès de nos confrères de Reuters. Toujours d’après le site créé en 2012, Emmanuel Macron aurait par ailleurs proposé l’injection de 15 milliards de dollars dans le mécanisme de troc, baptisé Instex, créé pour contourner les sanctions américaines tout en évitant l’utilisation du dollar. Là encore, la même source diplomatique française dément formellement, toujours auprès de l’agence de presse. «Il est prématuré d’évoquer un montant ou mécanisme financier, la priorité va au respect par l’Iran de ses obligations nucléaires […] La France est prête à y travailler […] sans préjuger d’un montant ou d’un mécanisme financier qui nécessite en tout état de cause une coopération internationale et une expertise approfondie», a rappelé le responsable français. «Je ne pense pas que ce soit vrai», avait pour sa part expliqué la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus le 8 août.

Comment sauver l’accord de Vienne ?

De son côté, après la discussion téléphonique fin juillet avec le président iranien, en pleine crise dans le détroit d'Ormuz, Emmanuel Macron avait confié que le rôle de la France était de «faire tous les efforts nécessaires pour que l'ensemble des parties concernées acceptent une pause et ouvrent la négociation». L'Elysée avait indiqué que, depuis son lieu de villégiature, le président français restait «en contact» avec ses homologues américain et iranien.

Si la France cherche ouvertement à sauver l’accord de Vienne signé en 2015 sur le nucléaire iranien, devant empêcher que la République islamique se dote de l’arme atomique, et dont les Etats-Unis s’étaient retirés en 2018, elle n’est pas la seule. En juin, le Premier ministre japonais Shinzo Abe s’était rendu en Iran afin d’y rencontrer le guide suprême iranien Ali Khamenei. Le dirigeant nippon avait signifié avoir fait part de ses «vues personnelles» sur la stratégie que Donald Trump «avait en tête».

Par ailleurs, l’Allemagne, signataire de l’accord de Vienne, ainsi que la Suisse, qui représente les américains en Iran faute de relations diplomatiques entre les deux pays, avaient également essayé de faire bouger les lignes américaines et iraniennes pour pousser à une reprise des négociations. Sans réel succès.

Morgan Ortagus a rappelé de son côté que «dès que l'ayatollah ou dès que Rohani, les gens qui dirigent vraiment ce gouvernement, voudront parler, nous serons prêts à les écouter», ajoutant que «l’offre» de l’ouverture de négociations était «toujours sur la table». Téhéran continue néanmoins de répéter que le prérequis à une reprise des pourparlers serait la fin des sanctions américaines qui pèsent sur le pays.

Un scénario très improbable puisque ces derniers mois Washington n’a fait que durcir sa «campagne de pression maximale» dirigée contre l’Iran, continuant à demander l’imposition de restrictions plus importantes vis-à-vis des programmes nucléaires et balistiques iraniens. Les Etats-Unis soupçonnent également le royaume perse de participer à des «activités néfastes» visant à déstabiliser le région. D’après certains observateurs cités par l’AFP, le but serait même la chute de la république islamique en place depuis la révolution de 1979.

Alexis Le Meur

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