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Le vice-chancelier autrichien démissionne après avoir été mis en cause par une caméra cachée

Le vice-chancelier autrichien a démissionné après la mise en ligne d'une vidéo dans laquelle il tente de soudoyer ce qu'il pense être la fille d'une personnalité russe. L'affaire fait grand bruit à moins de dix jours des élections européennes.

A dix jours des élections européennes, voilà une polémique dont le numéro deux du gouvernement autrichien, vice-chancelier du pays, se serait bien passé : Heinz-Christian Strache, 49 ans, a été poussé à la démission après une supposée tentative de collusion avec la pseudo-nièce d’un oligarque russe, dans une caméra cachée apparemment destinée à prouver sa culpabilité.

Filmé à son insu, le chef du Parti de la liberté d’Autriche (Freiheitliche Partei Osterreichs abrégé en FPO) a pris part, peut avant les élections législatives qui ont porté sa formation au pouvoir, en octobre 2017, à une rencontre avec une femme qu’il pensait être liée à une personnalité russe influente, d’après des informations publiées le 17 mai par les médias allemands Der Spiegel et Süddeutsche Zeitung, vidéos à l’appui.

Le président du FPO est filmé discutant avec son interlocutrice de la possibilité pour cette dernière d’investir de l’argent dans son parti. L’échange tourne autour de la prise d’une importante participation dans le Kronen Zeitung, un puissant tabloïd autrichien, premier tirage du pays, pour en faire un média favorable au FPO. Heinz-Christian Strache, accompagné de son fidèle lieutenant Johan Gudenus, chef du groupe parlementaire du FPO, explique à la jeune femme qu’il pourrait, en échange de son soutien, lui attribuer plus facilement des marchés publics.

La Hongrie comme modèle

«Elle aura tous les contrats publics remportés par Strabag [grand groupe autrichien de BTP]», affirme celui qui était, avant son entrée en politique, prothésiste dentaire, selon les retranscriptions de ses propos par les deux quotidiens. Pour ce qui est du contrôle de la rédaction du Kronen Zeitung, et de sa propension à résister à l’opération de manipulation, le vice-chancelier se montre très clair : «Les journalistes [du Kronen Zeitung] sont les plus grandes prostituées de la planète.»

Il explique également vouloir refondre le système médiatique autrichien en prenant exemple sur l’action de Viktor Orban en Hongrie. Le dirigeant magyar est critiqué depuis son accession au pouvoir pour avoir porté atteinte au pluralisme de la presse. Heinz-Christian Strache présente également à sa visiteuse le moyen de financer une campagne électorale tout en contournant la Cour des comptes grâce à des versements faits, non pas au parti, mais à une association. Les montants abordés sont compris entre 500 000 et 2 millions d’euros.

La rencontre, qui s’est tenue dans une villa d’Ibiza, en Espagne, s’avérait en fait être un coup monté destiné à piéger le patron du FPO, toujours selon les médias allemands, qui assurent ne pas savoir qui est derrière l’opération organisée trois mois avant les élections législatives. S’il a admis que cette soirée, qui aurait duré six heures, avait bien eu lieu, il nie néanmoins avoir commis des actes condamnables. Pour se défendre, il a invoqué auprès du Süddeutsche Zeitung «la grande quantité d’alcool consommé» ainsi que «l’importante barrière de la langue» avec son interlocutrice. Johan Gudenus, qui parle le russe, était chargé de la traduction lors des échanges.

Vers de nouvelles élections ?

Après ces révélations, les principaux partis d’opposition du pays ont immédiatement exigé la démission du numéro deux du gouvernement. Signe du malaise au FPO, Harald Vilimsky, eurodéputé et tête de liste du parti pour les européennes, a annulé son déplacement du 18 mai en Italie, à Milan, où il devait rencontrer le vice-président du Conseil des ministres italien Matteo Salvini, qui réunit le camp nationaliste dans la capitale lombarde avant le scrutin du 26 mai, rapporte la chaîne de télévision autrichienne ORF.

Le plus grand scandale de ces cinquante dernières années

Le Parti social-démocrate d’Autriche (Sozialdemokratische Partei Osterreichs, le SPO) a dénoncé «le plus grand scandale» de ces cinquante dernières années. De son côté, le parti libéral NEOS a appelé à la convocation de nouvelles élections législatives qu’il estime «inévitables».

A dix jours des élections européennes, cette affaire n’arrange pas la coalition autrichienne, le Parti populaire autrichien (Osterreichische Volkspartei, OVP), présidé par Sebastian Kurz, étant accusé d’avoir conclu une alliance avec un parti régulièrement impliqué dans des dérapages.

Alexis Le Meur

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