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La Corée du Nord tire plusieurs missiles en mer du Japon

La Corée du Sud a annoncé avoir détecté des tirs de missiles à courte portée depuis le territoire de son voisin du nord. Ces essais interviennent alors que les relations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis s'enlisent depuis le sommet d'Hanoï.

La Corée du Nord a tiré samedi plusieurs missiles à courte portée en direction de la mer du Japon, a annoncé l'armée sud-coréenne, alors que le processus de dénucléarisation de Pyongyang est dans l'impasse. La Corée du Nord «a lancé plusieurs missiles à courte portée depuis la péninsule de Hodo, près de la ville côtière de Wonsan, en direction du nord-est entre 09h06 (00h06 GMT) et 09h27 aujourd'hui», a indiqué le haut commandement militaire sud-coréen dans un communiqué. Les missiles ont parcouru entre 70 et 200 km au-dessus de la mer du Japon, a-t-il précisé.

«Nous sommes au courant des actions de la Corée du Nord cette nuit. Nous continuerons à surveiller», a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders. Le ministère nippon de la Défense a pour sa part indiqué qu'aucun missile n'avait a priori survolé le Japon.

Plus tôt cette semaine, Pyongyang avait averti les Etats-Unis d'«un résultat indésirable» s'ils n'ajustaient pas leur position d'ici la fin de l'année, alors que les négociations sur le programme balistique et nucléaire de la Corée du Nord sont au point mort depuis trois mois. «Notre résolution en matière de dénucléarisation reste intacte et nous le ferons quand le moment sera venu», avait déclaré la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères Choe Son Hui. «Mais cela ne sera possible que si les Etats-Unis revoient et reformulent leur calcul actuel», avait-elle poursuivi. S'ils «n'ajustent pas leur position avant la date limite que nous avons proposée, ils feront face à [un] résultat indésirable».

Des armes tactiques mystérieuses

«Kim a décidé de rappeler au monde - et plus particulièrement aux Etats-Unis - que ses capacités d'armement augmentent de jour en jour», a commenté Harry J. Kazianis, directeur des études coréennes au Center for the National Interest à Washington. «Ma crainte est que ceci soit le début d'un retour au temps des menaces de guerre nucléaire et des insultes personnelles, un cycle de tensions dangereux qu'il faut éviter à tout prix», a ajouté cet expert.

En novembre et en avril, Pyongyang avait déjà annoncé avoir testé de mystérieuses «armes tactiques», sans plus de précisions. Il s'agissait des premiers essais d'armement annoncés par le Nord depuis le début, en 2018, de ses négociations avec les Etats-Unis sur ses programmes militaires. La Corée du Nord s'est toutefois abstenue jusqu'à présent de tester des missiles balistiques ou des armes nucléaires, ce qui donnerait un coup d'arrêt définitif à son rapprochement avec Séoul et Washington. Le dernier tir de missile remonte à novembre 2017.

Les lancements de samedi «ne violent pas le moratoire sur les essais de missiles que s'est lui-même imposé Kim Jong-un», qui «ne s'applique qu'aux missiles balistiques intercontinentaux», a estimé à Séoul le spécialiste de la Corée du Nord Ankit Panda. «Historiquement, la Corée du Nord n'a jamais testé quoi que ce soit pendant que des pourparlers avaient lieu avec les Etats-Unis, et il n'y a pas de pourparlers actuellement», a-t-il fait remarquer.

Les missiles à courte portée nord-coréens sont toutefois capables de frapper la mégalopole de Séoul, proche de la ligne de démarcation intercoréenne, et une large portion du territoire sud-coréen. La péninsule de Hodo, d'où ils ont été tirés, est le théâtre depuis une dizaine d'années de nombreux essais de missiles balistiques et d'artillerie, a rappelé le site spécialisé 38 North.

Après les effusions du sommet de Singapour en juin 2018, le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong-un se sont quittés en février à Hanoï sur un désaccord : Kim Jong-un réclamait une levée des sanctions trop importante aux yeux de Donald Trump, en échange d'un début de dénucléarisation jugé trop timide.

Trois mois plus tard, le processus est toujours dans l'impasse. Les négociations sur le désarmement atomique n'ont jamais repris, et la Corée du Nord a fait savoir qu'elle ne voulait plus voir à la table des pourparlers le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, accusé d'avoir «des idées insensées et dangereuses». La ministre sud-coréenne des Affaires étrangères Kang Kyung-wha a estimé vendredi que Pyongyang devait montrer une dénucléarisation «visible, concrète et substantielle» pour obtenir un allègement des sanctions. Parallèlement, Kim Jong-un a rencontré fin avril le président russe Vladimir Poutine à Vladivostok pour leur premier sommet, durant lequel il s'est plaint de la «mauvaise foi» des Américains dans la crise nucléaire.

 

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