Qui a vraiment mis feu à un convoi humanitaire à la frontière colombo-vénézuélienne ? (VIDEO)
Washington a affirmé que les forces vénézuéliennes avaient mis le feu à un convoi humanitaire, mais, selon le New York Times, un des camions en question aurait pu être incendié «accidentellement» par des opposants à Maduro.
Le 23 février, des violences ont éclaté à la frontière colombiano-vénézuélienne alors que des camions tentaient de forcer le passage vers le Venezuela, dans le but d'y acheminer une aide humanitaire réclamée par le président par intérim autoproclamé et opposant Juan Guaido. Parmi les images de cette journée qui retiennent l'attention de la presse internationale, celles d'un camion incendié ont été largement commentées.
Ce 10 mars, le New York Times a affirmé que «l'opposition elle-même, et non pas des hommes de monsieur Maduro, sembl[ai]ent avoir mis feu à la cargaison accidentellement». Pour appuyer son analyse, le quotidien a publié une vidéo mettant en avant (à partir de 1min50) ce qui l'a amené à cette conclusion.
L'origine de l'incendie avait rapidement fait l'objet de diverses suspicions. De fait, la version aujourd'hui mise en avant par le New York Times n'est autre que celle avancée par le journaliste indépendant Max Blumenthal. Dès le 24 février, celui-ci avait publié une vidéo qui, selon lui, «semble montrer le moment où un [opposant à Nicolas Maduro] jette un cocktail Molotov sur un camion».
This video found by @graffitiborrao appears to show the moment when an opposition guarimbero throws a Molotov cocktail on a truck loaded with US aid: pic.twitter.com/Z4Bg6dL4BR
— Max Blumenthal (@MaxBlumenthal) 24 février 2019
A l'inverse, présent sur place, un journaliste de la chaîne colombienne NTN24, avait affirmé que les flammes avaient été provoquées par l’explosion d’une «grenade lacrymogène» lancée par les forces de l'ordre vénézuéliennes.
[#VIDEO] Cada camión quemado por la PNB llevaba 20 toneladas de ayuda humanitaria. Voceros nacionales e internacionales lo califican como un crimen #23Febpic.twitter.com/5Y9tnQVLxF
— NTN24 Venezuela (@NTN24ve) 23 février 2019
Au-delà de la sphère médiatique, l'événement avait été commenté par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qui dénonçait à cette occasion le refus de Nicolas Maduro de faire arriver de l'aide humanitaire dans son pays. «Quel genre de tyran malade s'oppose à l'arrivée de nourriture pour des gens affamés ?», s'était alors indigné le secrétaire d'Etat, le 24 février, publiant une photographie du camion calciné. Le diplomate avait ensuite annoncé que les Etats-Unis allaient «passer aux actes» contre «ceux qui s'oppos[ai]ent à un retour paisible de la démocratie au Venezuela».
We denounce Maduro’s refusal to let humanitarian assistance reach #Venezuela. What kind of a sick tyrant stops food from getting to hungry people? The images of burning trucks filled with aid are sickening. pic.twitter.com/bJ1Qsxkgx8
— Secretary Pompeo (@SecPompeo) 24 février 2019
Et le 28 février, le secrétariat d'Etat américain diffusait une vidéo sur son compte Twitter en espagnol, affirmant sans ambages : «L'ordre de Maduro d'incendier des camions remplis d'aide humanitaire est inacceptable.»
La perseverancia restaurará la democracia y vencerá la tiranía de Maduro en Venezuela. Orden de Maduro de atacar los camiones llenos de ayuda humanitaria es inconcebible. EE.UU. continuará ofreciendo asistencia humanitaria para ayudar al pueblo de Venezuela. #EstamosUnidosVEpic.twitter.com/KKKCx8dTxp
— USA en Español (@USAenEspanol) 28 février 2019
Une affirmation qui s'avère, au vu du fact-checking du New York Times notamment, quelque peu précipitée.
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