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Brexit : le Labour de Corbyn veut une union douanière avec l'UE... ou un second référendum

Le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn veut éviter un «Brexit conservateur préjudiciable», et se dit favorable à la tenue d'un nouveau référendum, dans le cas où les parlementaires refusent l'idée d'union douanière avec l'UE.

Jeremy Corbyn, le leader du Parti travailliste britannique (Labour), principale formation d’opposition, a effectué un changement de cap concernant le Brexit, en une déclaration qui a tout d'une manœuvre politique. Le 25 février au soir, il s'est déclaré favorable à un nouveau référendum sur le Brexit.  

Un communiqué du Labour précise que le parti va d'abord déposer un amendement réclamant le maintien du pays dans une union douanière avec l'Union européenne (UE) après le Brexit. Si cet amendement est rejeté, il prévoit d'en déposer un autre réclamant un second référendum, après celui de juin 2016.

«Conformément à notre résolution de congrès, nous nous engageons à déposer ou soutenir un amendement en faveur d'un vote populaire pour empêcher que le Brexit nuisible voulu par les Tories [la majorité conservatrice] soit imposé au pays», a-t-il déclaré.

Jeremy Corbyn a blâmé les objectifs de Theresa May, qui selon lui veut contraindre le Parlement à choisir entre le «no deal» et «un Brexit bâclé». 

Emily Thornberry, membre du cabinet de l'ombre de Jeremy Corbyn, a déclaré : «Si Theresa May n'accepte pas notre proposition, alors le peuple doit décider : doit-on accepter tous les deals qu'elle négocie ou devons-nous rester ?» «Si c'est un choix entre un Brexit tory désastreux et rester dans l'UE, c'est ce que nous devrons faire», a-t-elle ajouté. 

Cette option prise par le Labour pourrait réduire les chances de Theresa May d'obtenir une majorité d'élus en faveur d'un accord hypothétiquement modifié. Le Times, quotidien conservateur, a pour sa part jugé que l'hypothèse d'un second référendum restait mince. «Même avec le soutien de Jeremy Corbyn, il pourrait ne pas y avoir de majorité parlementaire pour un deuxième référendum», écrit-il, évoquant «une poignée» d'élus travaillistes «supporters ardents du Brexit» ayant voté en faveur du gouvernement lors de situations «clé».

La grande manœuvre de Corbyn pour réduire les dissensions au sein du Labour

Jeremy Corbyn avait certes timidement souhaité le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, qu'il a toutefois toujours fustigée, plaidant pour un fonctionnement plus social et des règles qui ne profiteraient pas qu'au marché et aux grandes entreprises. Mais son ralliement à la tenue d'un nouveau référendum paraît étonnant de la part d'un travailliste eurosceptique historique, à qui certains imputent même une part de responsabilité dans le vote pro-Brexit. 

A l'heure actuelle, Jeremy Corbyn peut se servir de cette nouvelle position pour tenter de composer avec les diverses tendances du Labour, dont une partie pro-européenne menace de faire sécession pour appuyer le camp du Remain (favorable à un maintien du Royaume-Uni dans l'UE). Toutefois, le leader travailliste tient une position d'équilibriste, car si la grande majorité des adhérents du Labour sont pro-UE, il n'en est pas forcément de même pour les électeurs travaillistes. 

Face aux atermoiements des Britanniques, l'Union européenne a ouvert la porte à un report de la date du Brexit, prévu initialement le 29 mars. Les discussions sont actuellement dans l'impasse. Les 27 membres de l'Union ont jusqu'ici fermé la porte à de nouvelles tractations avec Theresa May, exigées par les hard brexiters, qui estiment que l'accord conclu entre l'UE et Londres en novembre dernier les maintenait sous le joug européen.

Depuis le rejet massif de l'accord de divorce par les députés britanniques en janvier dernier, Theresa May tente de renégocier avec Bruxelles une nouvelle version du texte susceptible de rallier une majorité parlementaire. Elle souhaite obtenir des «changements contraignants» au «filet de sécurité» dit backstop, une disposition décriée au Royaume-Uni censée garder ouverte la frontière avec l'Irlande après le Brexit. Londres veut que le backstop soit limité dans le temps, ou bien veut être autorisé à y mettre fin de façon unilatérale.

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