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S'appuyant sur des arguments juridiques, Berlin juge «difficile» le rapatriement de ses djihadistes

Evoquant des difficultés juridiques, deux ministres allemands ont expliqué préférer que leurs ressortissants partis rejoindre Daesh soient jugés en Syrie ou en Irak, malgré l'injonction au retour des djihadistes européens de Donald Trump.

La ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a fait savoir qu’elle souhaitait que ses ressortissants djihadistes soient jugés en Syrie, malgré les injonctions de Donald Trump à les rapatrier dans leur pays d’origine. La ministre a jugé cette situation «extrêmement difficile», dans une émission mise en ligne par le tabloïd allemand Bild.

Ils ne pourront pas être traduits en justice et on ne pourra pas faire appliquer la loi

«D’un côté, nous ne voulons pas que ces combattants de l’Etat islamique soient relâchés et nous reviennent un jour sans avoir été contrôlés. Mais de l’autre, nous ne pouvons pas nous précipiter pour initier une démarche de retour», a-t-elle estimé.

«Pour les crimes commis en Syrie et en Irak, les preuves et les témoins sont ailleurs, donc nous ne pouvons pas nous en servir. Alors, ils ne pourront pas être traduits en justice et on ne pourra pas faire appliquer la loi», a poursuivi la ministre allemande.

Heiko Maas, le chef de la diplomatie, avait exprimé la veille le même avis qu'Ursula von der Leyen, faisant lui aussi valoir des arguments juridiques pour justifier un procès syrien. «Nous devons avoir la certitude que ceux qui reviendront en Allemagne seront directement mis en garde à vue», avait-il plaidé.

Il y a très peu de moyen actuellement pour vérifier si des combattants allemands sont concernés

Tant que cette procédure ne sera pas garantie et que les djihadistes ne feront pas l'objet d'informations et d'enquêtes préliminaires, Heiko Maas a considéré que le rapatriement sera «très difficile à assurer», ajoutant : «Il y a très peu de moyens actuellement pour vérifier si des combattants allemands sont concernés». Ce n'est pas aussi facile «qu'on l’imagine en Amérique», a affirmé le ministre. Le président américain Donald Trump avait appelé le 17 février les Européens à rapatrier plus de 800 djihadistes détenus en Syrie.

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