Une jeune Britannique qui avait rejoint le groupe djihadiste Etat islamique en Syrie en 2015 a dit vouloir rentrer au Royaume-Uni malgré son absence de regrets, illustrant le défi aux gouvernements occidentaux posé par le retour de leurs ressortissants djihadistes et leurs familles. La médiatisation de son cas a donné l'occasion à plusieurs membres de l'exécutif britannique de prendre position.
Ainsi, le secrétaire d’Etat à la Sécurité intérieure britannique, Ben Wallace, a déclaré à la BBC le février qu'aucune vie britannique ne serait risquée pour «aller chercher les terroristes ou les anciens terroristes». «Les actions ont des conséquences», a-t-il expliqué.
«Si vous êtes allé là-bas contre l’avis des Affaires étrangères et impliqué dans des activités terroristes, vous devez être prêt, en cas de retour, à être interrogé dans le cadre d’une enquête et éventuellement poursuivi pour infractions terroristes», a-t-il prévenu. «Les gens qui ont été là-bas en amateurs sont maintenant des terroristes professionnels ou des soutiens professionnels du terrorisme et nous devons veiller à réduire la menace s’ils devaient revenir», a-t-il souligné.
Le secrétaire d'État à l'Intérieur Sajid Javid a également commenté le cas de cette jeune femme, assurant au Times qu'il «n'hésitera[it] pas» à empêcher le retour des Britanniques qui auraient «soutenu des organisations terroristes à l'étranger.»
Elle ne regrette qu'une chose : avoir été «faible» en abandonnant Daesh
Depuis que le quotidien britannique The Times a retrouvé Shamima Begum, 19 ans, originaire de l'est de Londres, dans le camp de réfugiés d'Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, son histoire agite les médias et la classe politique britanniques. Elle est enceinte de neuf mois de son troisième enfant, après la mort de deux premiers bébés de maladie et de malnutrition. «Je ferai tout ce qui est nécessaire pour pouvoir rentrer et vivre tranquillement avec mon enfant», a-t-elle confié au journal.
La jeune fille a toutefois assuré ne rien regretter de son parcours. Elle avait fugué en Syrie en février 2015, avec deux adolescentes qui fréquentaient la même école qu'elle dans le quartier londonien de Bethnal Green, Amira Abase, alors âgée de 15 ans, et Kadiza Sultana, 16 ans, dont le sort est incertain. Selon certaines sources, cette dernière aurait été tuée dans un raid aérien en 2016 à Raqqa, capitale autoproclamée de Daesh.
Quand j'ai vu ma première tête coupée dans une poubelle, cela ne m'a pas du tout troublée
«Je ne regrette pas d'être venue ici», a-t-elle déclaré, se trouvant «faible» d'avoir abandonné Daesh en pleine déroute. Elle affirme avoir vécu une vie «normale» à Raqqa, «celle que je voulais», mariée à un combattant néerlandais de Daesh. «Quand j'ai vu ma première tête coupée dans une poubelle, cela ne m'a pas du tout troublée», a-t-elle notamment assuré.
Une loi anti-terroriste promulguée le 12 février au Royaume-Uni rend passible de dix ans d'emprisonnement le fait pour un Britannique de séjourner sans motif valable en Syrie. Ce texte renforce l'arsenal législatif britannique qui, jusqu'ici, exigeait des autorités la preuve que les personnes rentrant de Syrie y avaient mené des activités terroristes.
Cependant, selon l'avocat des familles, Tasnime Akunjee, cité par The Times, la jeune fille et ses condisciples devraient être considérées comme des «victimes». Elles étaient jeunes et «vulnérables» lorsqu'elles sont parties, selon Hussen Abase, le père d'Amira, sur Sky News, qui estiment qu'un «esprit confus peut être ramené à la raison avec un travail d'équipe du gouvernement et des parents».