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L'opposition vénézuélienne organise à Washington une conférence d'aide (EN CONTINU)

Au Venezuela, les opposants à Nicolas Maduro ont annoncé l'organisation d'une conférence d'aide humanitaire à Washington. Soucieux de rester neutre, l'ONU affirme de son côté qu'elle ne se joindra pas au groupe de contact constitué par l'UE.

Mardi 5 février

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé l'Union européenne de chercher à renverser le président vénézuélien Nicolas Maduro, au mépris de la «démocratie». 

«On sait maintenant ce qu'est l'UE. (...) D'un côté vous parlez d'élections et de démocratie, et après, par la violence et la ruse, vous allez renverser un gouvernement», a déclaré le président turc lors d'un discours télévisé.

Lundi 4 février

Les représentants de l'opposant vénézuélien Juan Guaido ont annoncé la tenue le 14 février à Washington d'une conférence «d'aide humanitaire d'urgence» pour la population du Venezuela.

Cette initiative répond à des premières offres d'aide annoncées par plusieurs pays, dont les Etats-Unis ou le Canada (qui ont par ailleurs ouvertement défié Nicolas Maduro en reconnaissant Juan Guaido comme «président par intérim», un rôle que ce dernier s'est auto-attribué).

Nicolas Maduro, attribue pour sa part les pénuries, notamment alimentaires, aux lourdes sanctions américaines qui se succèdent à l'encontre de Caracas. Il se méfie par ailleurs de la provenance de ces aides, qu'il soupçonne être des moyens déguisés de soutenir l'opposition.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'est félicité de la reconnaissance par plusieurs pays européens du chef de l'opposition Juan Guaido comme président du Venezuela par intérim, invitant tous les autres pays à en faire de même.

«Nous encourageons tous les pays, dont les autres pays membres de l'Union européenne, à soutenir le peuple vénézuélien en reconnaissant le président par intérim Guaido, et en soutenant les efforts de l'Assemblée nationale pour le retour d'une démocratie constitutionnelle au Venezuela», a-t-il déclaré dans un communiqué cité par l'AFP.

L'opposant vénézuélien Juan Guaido, qui s'est autoproclamé président par intérim, a accusé le chef de l'Etat Nicolas Maduro de vouloir transférer 1,2 milliard de dollars vers l'Uruguay en demandant à ce pays de ne pas participer à ce «hold-up». 

«Ils sont en train d'essayer de transférer depuis la BANDES [Banque de développement économique et social du Venezuela] l'argent qui est sur l'un des comptes, vers l'Uruguay. J'appelle l'Uruguay à ne pas se prêter à ce hold-up [...] nous sommes en train de parler de 1 à 1,2 milliard de dollars», a déclaré Juan Guaido.

La BANDES possède plusieurs succursales en Uruguay.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé une aide de 53 millions de dollars canadiens (l'équivalent de 35 millions d'euros) à destination du Venezuela.

«Pour répondre aux besoins les plus urgents des Vénézuéliens sur le terrain, notamment les près de trois millions de réfugiés», a précisé le dirigeant canadien, lors d'un discours à l'ouverture des débats du Groupe de Lima, réuni à Ottawa. Cette organisation regroupe une dizaine de pays latino-américains, auxquels sont également associés les Etats-Unis et l'Union européenne.

Le Canada fait partie des pays qui ont reconnu l'opposant à Nicolas Maduro, Juan Guaido comme président «en charge» d'une transition politique au Venezuela. 

L'ONU ne se joindra à aucun groupe de discussion sur la crise vénézuélienne, affirme Antonio Guterres, le secrétaire général de l'organisation.

«Le secrétariat de l'ONU a décidé de ne faire partie d'aucun de ces groupes afin de garder la crédibilité de notre offre de bons offices aux deux camps pour être en mesure, à leur demande, d'aider à trouver une solution politique», a déclaré à des médias le secrétaire général des Nations unies.

Le 7 février doit se réunir à Montevideo (Uruguay) un groupe de contact international, constitué par l’Union européenne pour favoriser l’organisation d’élections présidentielles «libres, transparentes et crédibles». Sa création avait été annoncée par le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, et le président uruguayen, Tabare Vazquez.

Le Venezuela a annoncé qu'il allait réévaluer ses relations diplomatiques avec les pays européens qui ont reconnu l'opposant Juan Guaido qui s'est autoproclamé «président par intérim».

«[Caracas] va réévaluer intégralement les relations bilatérales avec ces gouvernements à partir de cet instant, jusqu'à ce qu'ils renoncent à soutenir les plans putschistes», a déclaré le ministère des Affaires étrangères vénézuélien, dans un communiqué cité par l'AFP.

En Italie, la crise vénézuélienne provoque des tensions. Le président italien Sergio Mattarella souhaite que son pays reconnaisse Juan Guaido en tant que président légitime du Venezuela. Il a demandé le 4 février que l'Italie fasse preuve de «responsabilité» et «de clarté sur une ligne partagée avec tous [ses] alliés et [ses] partenaires de l'Union européenne». «Il ne peut y avoir d'incertitude ou d'hésitation concernant le choix entre la volonté du peuple et la requête d'une démocratie authentique d'une part, et de l'autre la violence de la répression et les souffrances de la population civile», a-t-il tweeté.

Officiellement, Rome garde une position attentiste, rappelant qu'elle n'a jamais reconnu l'élection de Nicolas Maduro et réclame une nouvelle élection présidentielle. Matteo Salvini, vice-Premier ministre de la Ligue, parti nationaliste, avait plaidé le 3 février pour un retour de la démocratie au Venezuela «parce que tous les régimes communistes [devaient] être rayés de la surface de la terre». Mais ses alliés du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisytème) sont plus ambigus. «La quantité de démocratie qu'on cherche à exporter dans un pays est toujours directement proportionnelle à la quantité de pétrole qui s'y trouve [...] Il faut du courage pour rester neutre», a expliqué Alessandro Di Battista, l'un des ténors du mouvement.

L'Italie aurait même mis son veto à une déclaration de l'UE lors d'une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE le 31 janvier en Roumanie. A travers cette déclaration, qui devait être prononcée par le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, l'UE devait reconnaître Juan Guaido comme président par intérim si des élections présidentielles anticipées n'étaient pas organisées.

Le chef de l'Etat vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé avoir écrit au pape François pour demander son aide et sa médiation, dans un entretien le 4 février avec la chaîne de télévision italienne SkyTG24.

«J'ai envoyé une lettre au pape François», a déclaré Nicolas Maduro dans cet entretien enregistré à Caracas. «Je lui dis que je suis au service de la cause du Christ [...] et dans cet esprit je lui demande son aide, dans un processus de facilitation et de renforcement du dialogue», a-t-il ajouté.

«Je demande au pape de faire ses plus grands efforts, d'y mettre sa volonté, pour nous aider sur la voie du dialogue. J'espère recevoir une réponse positive», a expliqué Nicolas Maduro.

Le  leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a déclaré sur Twitter que  Nicolas Maduro était toujours «président du Venezuela», et s'est insurgé contre les «putschistes» de l'opposition. «Résistez ! Avec l'ONU nous disons : Nicolas Maduro est le président du Venezuela. Paix et liberté pour le Venezuela !», a ajouté Jean-Luc Mélenchon.

Très peu de réactions dans la classe politique française se sont fait entendre dans la matinée du 4 février, à part celle de Manon Aubry, tête de liste LFI aux élections européennes, qui a déclaré «ne défendre ni Juan Guaido ni Nicolas Maduro».

Les Pays-Bas reconnaissent à leur tour Juan Guaido comme président par intérim du Vénézuéla.

L'Allemagne reconnaît également Juan Guaido comme président «par intérim» du Venezuela, selon une porte-parole du gouvernement, Martina Fietz.

Le Kremlin a dénoncé une «ingérence» des Européens après la reconnaissance par plusieurs chancelleries – Londres, Madrid, Stockholm, Vienne, Copenhague et Paris – de l'opposant Juan Guaido comme président du Venezuela, à la suite de l'expiration de l'ultimatum qu'ils avaient adressé à Nicolas Maduro pour organiser un nouveau scrutin présidentiel.

«Nous percevons les tentatives de légitimer l'usurpation du pouvoir comme une ingérence directe et indirecte dans les affaires internes du Venezuela», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le président Emmanuel Macron a communiqué à son tour la position de la France concernant la situation politique au Venezuela. 

«Les Vénézuéliens ont le droit de s’exprimer librement et démocratiquement. La France reconnaît Juan Guaido comme «président en charge» pour mettre en œuvre un processus électoral. Nous soutenons le Groupe de contact, créé avec l’UE, dans cette période de transition», a-t-il tweeté, en français et en espagnol.

Londres reconnaît à son tour l'opposant Juan Guaido comme président du Venezuela.

«Nicolas Maduro n'a pas organisé d'élection présidentielle dans le délai de huit jours que nous avons fixé. Donc, le Royaume-Uni et ses alliés européens reconnaissent désormais Juan Guaido comme président constitutionnel par intérim jusqu'à ce que des élections crédibles puissent être organisées», a ainsi tweeté le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt ce 4 février.

L'Espagne reconnaît l'opposant Juan Guaido comme président du Venezuela.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a fait savoir ce 4 février que la France considérait que le président du Parlement vénézuélien et président par intérim autoproclamé, Juan Guaido, avait «la légitimité pour organiser des élections» présidentielles, après l'expiration d'un ultimatum européen au président Nicolas Maduro. Le chef de la diplomatie hexagonale a précisé que la France allait consulter ses «amis européens» ce jour.

Plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Royaume-Uni, avaient donné jusqu'au 3 février au successeur d'Hugo Chavez pour convoquer une nouvelle élection présidentielle, faute de quoi ils reconnaîtraient son rival Juan Guaido comme président par interim.

Dimanche 3 février

Le chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le président uruguayen Tabare Vazquez ont annoncé la création d'un groupe de contact international, constitué par l'Union européenne pour favoriser l'organisation d'élections présidentielles «libres, transparentes et crédibles». Il doit se réunir le 7 février 2019 à Montevideo (Uruguay).

La Corée du Nord a vivement condamné les prises de position de Washington à l'encontre du président vénézuélien Nicolas Maduro.

«Toute tentative de la part de forces étrangères de renverser le président légitimement élu, selon la constitution d'un Etat souverain, est une atteinte claire aux affaires intérieures», a fait savoir un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, cité par l'agence Korean Central News Agency (KCNA) et l'agence Tass.

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Le ministère russe des Affaires étrangères a appelé à la modération à l'égard du Venezuela. «L'objectif de la communauté internationale devrait être d'aider le Venezuela [à régler ses problèmes économiques], en s'abstenant de s'ingérer de façon destructrice», a déclaré le chef du Département de l'Amérique latine du ministère, Alexandre Chetinine.

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L'Autriche s'est déclarée prête à reconnaître Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela.

Le président américain Donald Trump a réaffirmé le 3 février que l'utilisation de l'armée américaine au Venezuela était «une option» envisagée face à la crise politique qui secoue le pays.

Interrogé sur cette hypothèse lors d'un entretien avec la chaîne américaine CBS, le président est resté laconique, affirmant simplement : «C'est certainement une option.»

Washington avait déjà clairement dit, ces derniers mois et à nouveau ces derniers jours, que «toutes les options» étaient sur la table pour intervenir au Venezuela.

Donald Trump a reconnu le 23 janvier le président de l'Assemblée nationale, Juan Guaido, qui s'était autoproclamé président par intérim du Venezuela quelque peu auparavant. Exit donc, le dirigeant socialiste Nicolas Maduro, qui avait été réélu pour un second mandat entamé en janvier.

Washington a déjà alourdi ses sanctions économiques contre ce pays, qui possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole brut dans le monde.

Le 26 janvier, six pays européens, dont l'Allemagne et la France, avaient émis un ultimatum, donnant huit jours à Nicolas Maduro pour organiser des élections présidentielles. 

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