Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a annoncé officiellement que les Etats-Unis se retiraient du traité de désarmement nucléaire INF. Il a toutefois précisé que son pays était disposé à discuter du désarmement avec la Russie.
«Demain les Etats-Unis vont suspendre leurs obligations dans le cadre du traité INF et lancer le processus de retrait», qui «sera achevé dans six mois à moins que la Russie respecte ses obligations en détruisant tous ses missiles, lanceurs et équipements qui violent le texte», a déclaré le président Donald Trump dans un communiqué.
Cette annonce n'a rien d'une surprise. Devant les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'OTAN, Mike Pompeo avait annoncé le 4 décembre que Washington cesserait sous 60 jours de respecter les obligations prévues par le traité sur les Forces nucléaires de portée intermédiaire (FNI), conclu en 1987, si Moscou ne s'y conformait pas, comme Washington l'en accusait. «Nous nous retirerons du traité dans soixante jours sauf si la Russie rentre en conformité [avec le traité]», avait menacé Mike Pompeo, reprochant à la Russie de violer ses obligations découlant de ce traité.
La Russie s'était déjà dite prête à œuvrer pour sauver le traité historique sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF) et espérait que Washington adopterait «une approche responsable» des traités de maîtrise des armements, ainsi que l'avait fait savoir son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
Les raisons de la sortie du traité
Washington dénonce le déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, dont la portée, selon Washington, dépasserait 500 km. Pour le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, ces missiles peuvent frapper les villes d'Europe en quelques minutes après avoir été tirés de l’intérieur du territoire russe et peuvent porter des charges nucléaires.
Le département d'Etat américain avait annoncé dans un communiqué publié le 4 décembre avoir fourni «plus qu'assez d'informations pour que la Russie s'implique de façon substantielle sur ce sujet». L'expiration du délai de 60 jours avancé par Mike Pompeo coïncide avec la prochaine réunion des ministres de la Défense de l'OTAN les 14 et 15 février 2019.
Signé il y a plus de 30 ans, le traité FNI a été remis sur le devant de la scène en octobre, quand le président américain Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis allaient «mettre fin à l'accord» et développer à nouveau des armes nucléaires. Coutumier des volte-face, Donald Trump a pourtant affiché le 3 décembre sa volonté de travailler avec la Russie et la Chine, elle aussi dans son collimateur, pour mettre fin à une course aux armements devenue «incontrôlable».