Vassili Nebenzia, le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, s'est fendu d'une déclaration que la France n'a pas du tout été appréciée lors de la réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l'ONU, le 26 janvier.
A l'origine de cet échange aigre-doux, il y a une remarque un peu sèche de l'ambassadeur allemand qui précise à son homologue russe que cette réunion sur la situation au Venezuela n'avait pas été réclamée par les seuls Etats-Unis mais aussi par le Pérou et la République dominicaine, membres non permanents du conseil de sécurité. Au Venezuela, il existe «une menace potentielle à la paix», il faut donc faire «de la diplomatie préventive», a souligné Christoph Heusgen en regardant fixement Vassili Nebenzia.
«La diplomatie préventive, c'est très beau...», lui a répondu ce dernier, l'air pensif avant d'ajouter : «Que penseriez-vous si la Russie demandait de discuter au Conseil de sécurité de la situation en France ? Et des Gilets jaunes qui sont descendus dans les rues par milliers encore ce week-end ?»
Macron, au lieu de se pencher sur les Gilets jaunes vient parler du Venezuela, mêlez-vous de vos affaires !
«Je rassure la représentante de la France [Anne Gueguen, ambassadrice adjointe], nous n'avons pas l'intention de saisir le Conseil de sécurité de cette situation», a précisé immédiatement après l'ambassadeur de Russie.
«Nous demandons de respecter les autorités légitimes, de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures des pays, de ne pas imposer des solutions de l'extérieur mais d'aider les Vénézuéliens à régler leurs problèmes par des moyens pacifiques», a-t-il précisé.
Reprenant la parole sous le regard médusé des autres participants, Christoph Heusgen a regretté que son homologue russe «n'ait pas répondu» à ce qu'il avait dit sur «les violations criantes des droits de la personne». «Il a parlé de 22 000 manifestants en France mais pas des 3,3 millions de Vénézuéliens qui ont fui leur pays», a relevé le diplomate allemand.
Plus tard, l'intervention du chef de la diplomatie vénézuélienne Jorge Arreaza a aussi donné lieu à l'évocation du mouvement des Gilets jaunes en France, qui étaient encore, pour le onzième samedi consécutif, plus de 69 000 à défiler dans le paysà 18h, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Leurs revendications n'ont pas changé. Ils réclament de meilleures conditions de vie au président français Emmanuel Macron.
«De quel droit la France et d'autres posent un ultimatum de 8 jours» pour convoquer des élections au Venezuela, s'est insurgé Jorge Arreaza. «Macron, au lieu de se pencher sur les Gilets jaunes vient parler du Venezuela, mêlez-vous de vos affaires !», a lancé le ministre vénézuélien à son intention.
La France agacée par les remarques russes et vénézuéliennes
Cette évocation des Gilets jaunes a fortement déplu à la France, qui n'a cependant pas pris la parole pour répondre publiquement sur ce sujet durant la réunion du Conseil de sécurité. «Les remarques russes et vénézuéliennes sur la France et les Gilets jaunes sont déplacées et hors sujet», s'est malgré tout emporté un diplomate français sous couvert d'anonymat, dans une déclaration faite en marge de la session onusienne. «Le Venezuela traverse une crise politique, humanitaire et de violations des droits de l’homme sans précédent, trois millions de personnes ont traversé les frontières pour fuir cette situation qui a clairement un impact déstabilisant pour la région», a souligné ce diplomate.
«Suggérer une comparaison avec les Gilets jaunes est complètement inapproprié et hors sujet, les élections en France sont démocratiques et nous traitons de notre situation intérieure dans le respect de l’Etat de droit et le dialogue», a asséné cette source française.
A Paris et dans plusieurs villes de France, les Gilets jaunes ont été appelés à poursuivre leurs manifestations dans la soirée pour participer à une «Nuit jaune».
Lire aussi : Quand un très proche conseiller de Macron travaillait à l'élection de Maduro