Droits de l'homme : Human Rights Watch se dit «déçu» par Macron mais encense Merkel
- Avec AFP
L'ONG Human Rights Watch a présenté son dernier rapport à Berlin le 17 janvier 2019. Son directeur a épinglé Emmanuel Macron qu'il accuse de privilégier les intérêts de la France dans les dossiers saoudiens et la crise migratoire.
Le directeur exécutif de l'ONG Human Rights Watch (HRW) s'est dit «déçu» par Emmanuel Macron, lui reprochant de faire passer les intérêts de la France avant ceux des droits de l'Homme, délivrant à l'inverse un satisfecit à Angela Merkel.
L'ONG a présenté le 17 janvier à Berlin son traditionnel rapport qui passe en revue les pratiques en matière de droits de l'Homme dans plus de 100 pays lors de l'année écoulée.
« Le président français @EmmanuelMacron a très bien parlé, mais n'a pas toujours été à la hauteur en pratique. » - Chapitre sur les pays de l’UE ici >> https://t.co/m4kI4IpRjC@KenRoth#Rights2019
— HRW en français (@hrw_fr) 17 janvier 2019
Dans un entretien à l'AFP, son directeur exécutif Kenneth Roth s'est montré très critique envers la France. HRW avait «applaudi il y a un an la façon dont Macron avait mené sa campagne en défendant vigoureusement les principes démocratiques face au Front national», le parti nationaliste français, déclare-t-il. «Je dois dire que nous avons été déçus l'année suivante», ajoute-t-il.
Si le chef de l'Etat français «continue de régulièrement défendre les droits de l'Homme en parole, nous constatons que lorsque des intérêts français sont impliqués [...] Macron garde le silence», critique-t-il, citant entre autre la politique migratoire restrictive de son gouvernement. «Sa défense des droits de l'Homme s'arrête quand des intérêts français sont impliqués», a-t-il martelé, sans spécifier davantage.
L'attitude du président français vis à vis de Riyad contestée
Il a en revanche accordé un satisfecit à Angela Merkel, en particulier pour avoir décidé la suspension des ventes d'armes à Riyad après le meurtre toujours pas complètement éclairci du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. D'autres pays européens ont également fait pression sur Ryad, a souligné Kenneth Roth, citant le Danemark ou encore la Finlande.
La France, deuxième pourvoyeur d'armes à l'Arabie saoudite après les Etats-Unis, avait de son côté décidé de poursuivre ses ventes. Et Paris avait critiqué à l'époque l'appel de l'Allemagne à lui emboîter le pas sur le gel des exportations d'armes.
«Angela Merkel est une dirigeante importante pour la défense des droits de l'Homme dans le monde», a poursuivi M. Roth, soulignant entre autres son «rôle essentiel» dans la mise en place l'an passé d'un cessez-le-feu dans la province rebelle d'Idleb en Syrie.