Le 28 décembre, le gouvernement syrien a annoncé avoir fait son entrée à Minbej, ville clé du nord du pays, où les Kurdes, soutenus par les Etats-Unis, faisaient jusqu'à présent face aux Turcs.
«Considérant le devoir de l'armée et en réponse à un appel de la population de Minbej, l'état-major syrien a annoncé que l'armée était entrée dans la ville», a déclaré à la télévision un porte-parole de l'armée, précisant que le drapeau syrien avait été hissé dans la ville. Il a ajouté que l'armée était déterminée à «écraser le terrorisme et vaincre tous les envahisseurs», et à assurer la protection de la population.
Un développement qui est une conséquence immédiate de l'annonce du retrait américain de Syrie, et qui fait suite à l'appel lancé ce même 28 décembre par les Unités de protection du peuple (YPG). Ces derniers avaient «invité» le gouvernement syrien à revenir dans les régions d'où leur troupes se sont retirées, particulièrement aux abords de Minbej.
La milice, dont se compose majoritairement la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), redoute en effet une «invasion turque», et s'est donc résolue à appeler à l'aide l'armée syrienne. Ankara n'avait pas fait mystère de ses intentions après le retrait américain, laissant entendre qu'une «opération anti-terroriste» qui viserait les YPG était en préparation autour de la ville.
«Dans le sens d'une stabilisation»
L'évolution rapide de la situation dans le nord du pays est vue d'un bon œil par Moscou. «Bien sûr, cela va dans le sens d'une stabilisation de la situation. L'élargissement de la zone de contrôle des forces gouvernementales [...] constitue sans aucun doute une tendance positive», s'est félicité face à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Il a précisé que le sujet serait discuté le 29 décembre lors d'une visite à Moscou des ministres turcs des Affaires étrangères et de la Défense, visite qui doit selon lui «apporter de la clarté» et permettre de «synchroniser les actions» entre la Russie, principal allié de Damas, et la Turquie.
Peu avant l'annonce de l'armée syrienne, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait assuré que le «but ultime» du processus d'Astana, alliant la Russie, l'Iran et la Turquie, était d'«aboutir au rétablissement d'une Syrie pacifique au sein de laquelle tous les groupes ethniques et confessionnels se sentiront à l'aise et en sécurité, ce qui inclut bien entendu les Kurdes».
En revanche, la Turquie ne voit pas d'un bon œil ces récents développements. Les forces kurdes «n'ont pas le droit» de faire appel à l'armée syrienne, selon Ankara.