La menace des Etats-Unis de se retirer du traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (INF) n'inquiète pas seulement Moscou. L'Allemagne a pris les devants et a d'ores et déjà prévenu Washington qu'elle ne souhaitait pas lui permettre de déployer de nouvelles armes sur son territoire.
«L’Europe ne doit en aucun cas devenir une plate-forme de discussion sur l’accumulation d’armes», a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, dans une interview accordé à l'agence de presse allemande DPA, publiée le 26 décembre. «Le déploiement de nouveaux missiles à moyenne portée en Allemagne susciterait un mécontentement énorme», a-t-il ajouté.
«L'accumulation d'armes nucléaires constituerait une réponse totalement erronée», a poursuivi le ministre, commentant la guerre des mots qui se joue actuellement entre Moscou et Washington. «La politique des années 80 ne va pas aider à répondre aux questions modernes», a-t-il enfin fait valoir.
Ces déclarations interviennent dans un contexte tendu entre Washington et Moscou. En cause : la menace lancée le 20 octobre par le président américain Donald Trump de se retirer du traité INF sur les armes nucléaires de portée intermédiaire. Signé en 1987 par les présidents américain et soviétique de l'époque, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, ce traité abolit l'usage de toute une série de missiles d'une portée variant de 500 à 5 500 km. Il avait mis un terme à la crise déclenchée dans les années 1980 par le déploiement des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires visant les capitales occidentales.
Washington a réitéré sa menace par la voix de son secrétaire d'Etat Mike Pompeo le 4 décembre, qui a annoncé que les Etats-Unis cesseraient sous 60 jours de respecter les obligations prévues par le FNI si Moscou ne s'y conformait pas. Washington dénonce le déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, dont la portée dépasserait 500 km.
Une accusation rejetée à de nombreuses reprises par Moscou. Le 5 décembre Vladimir Poutine a estimé que les Etats-Unis cherchaient simplement «des prétextes pour se retirer du traité», notant qu'aucune preuve de prétendues violations du traité de la part de la Russie n'avait été fournie.