L'ambitieux pacte de l'ONU sur les migrations va-t-il finir mort-né ? A mesure que la date de son adoption approche – il doit être officiellement signé par les Etats membres les 10 et 11 décembre prochains à Marrakech – de plus en plus des pays prennent leurs distances avec le texte. Dernier en date l'Italie, dont le chef du gouvernement Giuseppe Conte a déclaré le 28 novembre que la décision sur l'adhésion de Rome reviendrait in fine au Parlement.
«Le Pacte sur les migrations est un document qui traite de sujets et de questions pour lesquels les citoyens se sentent concernés», affirme ainsi un communiqué officiel. «Nous considérons opportun pour cette raison de confier au Parlement le débat et d'adopter les choix définitifs à l'issue de cette discussion, à l'instar de la Suisse», poursuit le communiqué. Par conséquent, le gouvernement italien ne se rendra pas à Marrakech les 10 et 11 décembre prochain, se réservant d'adhérer ou non au pacte une fois que le Parlement se sera prononcé.
Comme précisé par Rome, la Suisse a indiqué quelques jours auparavant avoir reporté sa propre décision sur le sujet, faisant face à une forte opposition de commissions parlementaires. Si le gouvernement s'est dit «convaincu» que le pacte correspondait aux intérêts de la Suisse, il a toutefois souhaité laisser «se terminer le débat parlementaire sur cette question avant de se prononcer définitivement sur ce sujet».
Les premiers à avoir décidé de ne pas signer ce pacte, le jugeant «incompatible» avec leur politique migratoire et leur souveraineté nationale, sont les Etats-Unis de Donald Trump. Une décision qui avait fait grand bruit à l'époque, mais a été suivie depuis par plusieurs Etats européens, à commencer par la Hongrie du Premier ministre Viktor Orban, qui a qualifié cet accord de «dangereux».
L'Autriche s'est quant à elle inquiétée de l'atténuation de «la distinction entre migrants légaux et illégaux» qu'il met œuvre, et s'est alarmée qu'il puisse, à terme, établir un nouveau droit international contraignant ou «qui puisse être interprété comme tel». La République tchèque, la Bulgarie et la Pologne ont dans la foulée annoncé prendre leurs distances avec le pacte. En Belgique et en Allemagne, des formations politiques majeures y sont fermement opposées, compliquant la tâche des gouvernements qui y sont favorables. Israël a, par la voix de son Premier ministre Benjamin Netanyahou, fait savoir qu'elle ne signerait pas le texte, réaffirmant «son engagement à surveiller [ses] frontières contre l’arrivée de migrants illégaux».
Présenté comme étant non-contraignant, le texte insiste sur la nécessité de mettre en œuvre des politiques très favorables aux migrations, facteurs de «prospérité et de développement durable». Il comporte de nombreux aspects qui tendent à encourager l'immigration plutôt qu'à la contrôler.