Dans un communiqué de presse publié le 17 octobre, le Parlement européen s'est réjoui des résultats du dernier Eurobaromètre qui, selon l'organe parlementaire, prouveraient qu'à l'approche de l'entrée en vigueur du Brexit, l’Union européenne (UE) serait «plus appréciée que jamais». Mais dans leur enthousiasme, les auteurs du communiqué semblent avoir oublié de mentionner certaines nuances dans ce qu'ils présentent comme la preuve d'un attachement à l'UE sans précédent «depuis 1983» : l'Italie ne suit pas la marche.
En mars 2018, à l'issue des élections générales, les électeurs italiens ont plébiscité des programmes politiques à la fois anti-immigration et eurosceptiques. Deux mois après le scrutin, à l'issue de négociations politiques, un accord permettait enfin au nouvel exécutif italien de diriger le pays, grâce à une coalition cauchemardesque pour Bruxelles, composée de deux eurosceptiques charismatiques : Luigi Di Maio, représentant le Mouvement 5 Etoiles, et Matteo Salvini, chef de la Ligue.
Depuis, les électeurs italiens ne semblent pas avoir connu «l'effet Brexit» tant vanté par le Parlement européen. Moins de la moitié des Italiens (44%) voteraient en effet pour un maintien de leur pays dans l'Union européenne si le choix leur était offert demain. 32% d'entre eux se montrent pour leur part incertains sur la question, tandis que 24% sont catégoriques quant à leur volonté de quitter l'UE. Concernant cette dernière catégorie, on peut constater que les Italiens sont à égalité avec les Tchèques et les Grecs, et devancés par les Britanniques qui arrivent en tête (35%), secondés par les Chypriotes (26%).
Paradoxalement, Matteo Salvini, a laissé entendre le 18 octobre qu'il pourrait envisager de briguer la succession de Jean-Claude Juncker en tant que président de la Commission européenne. «C'est vrai, des amis de différents pays européens me le demandent, me le proposent», a-t-il déclaré dans un entretien accordé au quotidien italien La Repubblica. «Cela fait plaisir qu'ils voient en moi un point de référence pour la défense des peuples, même en dehors de l'Italie», s'est-il réjoui, avant d'ajouter : «En ce moment, entre le budget, l'Europe, les immigrés, je n'ai pas eu le temps d'évaluer la proposition. Le mois de mai est encore loin. Nous verrons, j'y réfléchis !»
L'idée, toutefois peu réaliste, de voir Matteo Salvini devenir président de la Commission européenne, n'enchanterait pas les plus fervents partisans de l'UE. Et encore moins l'actuel président du groupe parlementaire Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, Guy Verhofstadt. Dans un tweet posté ce 18 octobre, l'ancien Premier ministre belge assurait qu'il préférait voir Matteo Salvini rester en Russie «au lit avec Poutine», en référence au voyage du leader italien en Russie.
Fabien Rives