Le député nationaliste et ancien militaire Jair Bolsonaro, du Parti social libéral (PSL), s'est qualifié ce 7 octobre avec un score très élevé de plus de 46%. Une performance à la mesure du phénomène électoral qu'il est devenu ces dernières semaines après avoir été victime d'un attentat. Pourtant, il n'a pas été élu président au premier tour comme il l'espérait.
Il se retrouvera le 28 octobre face à Fernando Haddad (29%), du Parti des travailleurs (PT, gauche), dans un duel incertain et symptomatique de l'extrême polarisation que cette campagne a mise au jour.
Les deux candidats ont fait la course en tête dans les sondages ces dernières semaines en semant leurs 11 autres concurrents, pour se retrouver dans un face à face des extrêmes.
Avant que ne tombent les résultats définitifs, Jair Bolsonaro avait évoqué des «problèmes avec les urnes électroniques». «Je suis certain que si ça n'avait pas eu lieu, nous aurions eu dès ce soir le nom du président de la République», avait ainsi lancé le candidat de 63 ans dans une vidéo sur Facebook. «Nous ne pouvons pas rester sans rien dire. Nous allons réclamer au Tribunal supérieur électoral [TSE] des solutions», avait-t-il ajouté. Sans aller jusqu'à évoquer une «fraude», comme ses partisans, l'ancien capitaine de l'armée avait déclaré : «Nous devons rester mobilisés. Il reste trois semaines avant le second tour.»
Deux candidats clivants
Dès ce 8 octobre, les deux finalistes vont essayer d'être plus consensuels, selon l'AFP, en nouant des alliances vers le centre, très convoité.
Jair Bolsonaro, nationaliste, conservateur, a jusqu'à présent fait campagne sur les thèmes de la corruption et de l'insécurité, deux fléaux majeurs au Brésil. Il préconise notamment de faciliter l'accès des «bons citoyens» aux armes à feu et une plus grande latitude aux forces de l'ordre dans leur répression du crime. Libéral sur le plan économique, il entend réduire de la dette brésilienne de 20% au moyen de privatisations. Son slogan : «Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous.»
Fernando Haddad, désigné par le Parti des travailleurs (gauche) à la suite de l'invalidation de la candidature de l'ancien président Lula, incarcéré depuis avril pour corruption, se présente comme un rempart au «fascisme» porté selon lui par Jair Bolsonaro. Ancien maire de Sao Paulo, il propose la fin du gel des dépenses publiques décidé sous la présidence Temer, ainsi qu'une interruption des privatisations. En matière de sécurité, il prône un changement radical de la politique actuelle antidrogue, «erronée, injuste et inefficace», en prenant exemple sur les expériences de dépénalisation dans d'autres pays.
Les deux candidats se distinguent également sur le thème de la politique étrangère, Jair Bolsonaro souhaitant un renforcement des liens du Brésil avec les Etats-Unis et ses alliés, tandis que Fernando Haddad entend renforcer «la politique d'intégration latino-américaine et la coopération Sud-Sud.»
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