La tension entre la Chine et les Etats-Unis, qui se répondent coup pour coup dans la guerre commerciale qu'ils se mènent, va encore monter d'un cran. Cette fois-ci, c'est un nouveau front qui va s'ouvrir, dépassant le seul cadre économique.
Le vice-président américain Mike Pence compte en effet attirer l'attention sur un incident qui s'est déroulé en mer de Chine méridionale le 30 septembre dernier, d'après l'agence de presse Reuters qui s'est procuré des extraits du discours qu'il tiendra ce 4 octobre dans les locaux du think tank Hudson Institute à Washington.
D'après Mike Pence, un navire de la marine chinoise s'est approché à moins de 45 mètres de l'USS Decatur, un destroyer de l'US Navy, alors que celui-ci menait une opération de «liberté de navigation», le forçant à manœuvrer rapidement pour éviter une collision. «En dépit de ce harcèlement inconsidéré, la marine des Etats-Unis continuera à voler, naviguer et opérer partout où le droit international le permet et où nos intérêts nationaux l'exigent. Nous ne nous laisserons pas intimider. Nous ne nous reculerons pas», soutiendra le vice-président américain dans son discours.
«Manœuvres agressives» contre «devoirs de défense»
Des photographies de l'incident en question ont été publiées par le site gCaptain, et authentifiées auprès de ce dernier par une source au sein de la Navy américaine. Sur les quatre clichés publiés, on aperçoit l'USS Decatur et, très proche, le navire de la marine chinoise envoyé par Pékin pour le repousser loin des récifs de Gaven revendiqués par la Chine.
Pékin n’a pas reconnu la distance exacte entre son destroyer et celui de son homologue américain, ni la tactique utilisée pour le chasser. Les ministères des Affaires étrangères et de la Défense chinois ont en revanche critiqué l'attitude des Etats-Unis, estimant que ces derniers avaient violé le principe de la «liberté de navigation». La Chine a justifié ce qu'un porte-parole de l'armée américaine a qualifié de «manœuvres agressives» comme étant des «devoirs de défense» visant à protéger la souveraineté du pays.
«Nous exhortons les Etats-Unis à corriger immédiatement leurs erreurs et à mettre fin à de telles actions provocatrices afin de ne pas endommager les relations sino-américaines», a souligné le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.
Cet incident vient mettre en lumière les litiges territoriaux en mer de Chine méridionale. Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, également convoitée par Taïwan, les Philippines, Bruneï, la Malaisie ou encore le Vietnam. Washington entend pour sa part y effectuer plus régulièrement des patrouilles, afin d'affirmer la «liberté de navigation» dans ces eaux disputées.
Le 10 août 2017, le destroyer USS John S. McCain avait d'ailleurs croisé à proximité du récif Mischief dans les îles Spratleys, archipel contrôlé par la Chine (avec la zone économique exclusive de 200 milles marins qu'il confère) mais revendiqué par Taiwan, les Philippines et le Vietnam. Signe que la tension est montée d'un cran, le problème avait été résolu après une mise garde radio envoyée par une frégate chinoise.