Environ 2 500 personnes ont manifesté dans la soirée du 9 septembre à Köthen, dans l'est de Allemagne, à la suite de la mort d'un jeune homme dans une bagarre avec deux Afghans. Une mobilisation qui fait craindre aux autorités une répétition de Chemnitz.
La rassemblement à la mémoire de la victime de 22 ans a eu lieu dans la ville de Köthen, dans l'Etat régional de Saxe-Anhalt, où le drame s'est produit la nuit précédente. Dans une atmosphère souvent tendue, les participants ont crié «Résistance ! Résistance !» pour dénoncer les demandeurs d'asile, responsables à leur yeux d'une hausse de la criminalité, et la politique migratoire du gouvernement.
«Aujourd'hui est un jour de deuil mais nous allons transformer la tristesse en colère», a lancé un orateur à la foule, avant d'ajouter : «Oeil pour oeil, dent pour dent !». La police locale a estimé leur nombre total à 2 500. La rassemblement s'est dispersé dans le calme en milieu de soirée.
Une contre-manifestation de 200 personnes de la gauche radicale s'est également tenue dans cette ville de 26 000 habitants. «Au-delà de l'émotion légitime, il convient de rejeter toute tentative de faire de Köthen un deuxième Chemnitz», a mis en garde le chef du gouvernement régional, Reiner Haseloff.
L'Allemand de 22 ans est décédé d'un arrêt cardiaque. Parmi les deux Afghans de 18 et 20 ans interpellés, le second est soupçonné de «coups et blessures volontaires graves ayant entraîné la mort». Et ce même si, en parallèle, le parquet a précisé après autopsie que l'arrêt cardiaque n'avait pas été directement causé par les coups portés.
Selon le quotidien local Mitteldeutsche Zeitung, la victime souffrait préalablement de problèmes cardiologiques. Les autorités n'ont donné aucune précision sur les raisons de l'altercation.
Vu le précédent de Chemnitz, les autorités ont multiplié les appels au calme à la population, le ministre de l’Intérieur de Saxe-Anhalt, Holger Stahlknecht, lui demandant de rester «pondérée».
Il y a tout juste deux semaines, un Allemand de 35 ans avait été tué de plusieurs coups de couteau à Chemnitz, également dans l’ex-RDA. Un meurtre que la police soupçonne plusieurs demandeurs d'asile irakiens et syrien d'avoir commis.
Angela Merkel contestée dans son propre camp
L'extrême droite allemande, en plein essor dans les sondages, s’est déjà saisie de cet homicide pour organiser plusieurs manifestations dans la ville. Objectif : dénoncer la hausse de l’insécurité et, au-delà, la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel jugée trop laxiste. Cette mobilisation, marquée par des violences, a ébranlé le pays, relancé le débat sur l'immigration et provoqué une nouvelle crise gouvernementale.
Elle oppose la chancelière de centre droit à son ministre de l'intérieur, Horst Seehofer, président du parti bavarois très conservateur CSU, qui a soutenu les manifestants anti-migrants de Chemnitz alors qu'Angela Merkel a dénoncé la «haine» qu'ils véhiculaient.
Le patron du Renseignement intérieur allemand, Hans-Georg Maassen, hiérarchiquement sous les ordres de Horst Seehofer, s'est immiscé dans la joute cette semaine en contestant la réalité des «chasses» aux étrangers à Chemnitz, pourtant condamnées par Angela Merkel.
Ces propos alimentent, dans le camp de la chancelière, les soupçons selon lesquels le Renseignement intérieur agit en service commandé du ministre de l'Intérieur pour déstabiliser Angela Merkel. Horst Seehofer a répété ce 9 septembre avoir «pleine confiance» en Hans-Georg Maassen, tout en indiquant attendre de sa part le 10 septembre un rapport étayant ses propos.