Les présidents iranien, russe et turc se retrouvent ce 7 septembre pour une réunion au sommet à Téhéran afin de poursuivre leur action en Syrie, alors qu'une offensive syrienne se prépare dans la province d'Idleb, dernière grande région sous contrôle des groupes djihadistes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, tout en rappelant son intention de maintenir la présence militaire turque dans la région, a déclaré, à l'occasion de cette rencontre, qu'une attaque dans la région d'Idleb serait un «désastre» et ne pourrait déboucher que sur un «massacre».
La présence et l'ingérence illégales des Etats-Unis en Syrie doivent rapidement cesser
Elle lui fait redouter l'afflux de «millions de personnes» vers la frontière turque, alors qu'Ankara a atteint, selon lui, le maximum de sa capacité d'accueil de réfugiés. Selon lui, de la capacité de Moscou, Ankara et Téhéran à s'entendre au sujet d'Idleb dépendra l'avenir de leur coopération en Syrie.
Selon le président turc, un cessez-le-feu dans le province d'Idleb serait préférable à une opération militaire de Damas. Il a estimé que si la rencontre de ce jour pouvait déboucher sur une solution pacifique comme celle-ci, ce serait assurément une «victoire» à ses yeux. Cependant son homologue russe a rejeté cette proposition, rappelant que l'Etat islamique et le Front al-Nosra n'étaient pas parties prenantes des discussions.
Une leçon pour Washington selon l'Iran ; la Russie appelle à plus de «coordination»
De son côté, le président iranien Hassan Rohani a insisté sur la nécessité de mettre fin à la présence américaine en Syrie. «La présence et l'ingérence illégales des Etats-Unis en Syrie, qui ont conduit à maintenir ce pays dans l'insécurité, doivent rapidement cesser», a-t-il déclaré. Le chef d'Etat iranien estime que Washington et Israël auront appris à l'occasion de la guerre en Syrie qu'ils «n'atteindront pas leurs objectifs en armant des rebelles», alors que le Jerusalem Post avouait la veille avoir dépublié, à la demande de l'armée israélienne, un article révélant que Tsahal aurait fourni des armes à des rebelles syriens.
«Combattre le terrorisme à Idleb est une partie inévitable de la mission consistant à ramener la paix et la stabilité en Syrie», a de plus rappelé le président iranien.
Vladimir Poutine a rappelé qu'il était selon lui impératif que le gouvernement syrien recouvre le contrôle de la totalité de son territoire, alors que la province d'Idleb, comme le rappelait quelques jours plus tôt l'envoyé spécial en Syrie des Nations unies, Staffan de Mistura, abrite encore plusieurs milliers de terroristes. Il a en outre prôné une plus grande coopération entre la Russie, l'Iran et la Turquie dans le dossier syrien.
Depuis janvier 2017, la Turquie, la Russie et l'Iran se sont portés garants du processus dit d'Astana. Le 4 mai 2017, un accord était signé dans la capitale kazakhe entre les trois puissances régionales établissant alors des zones de désescalade, dont une dans la Ghouta orientale (à l'est de Damas).
Les Occidentaux boudent le processus Astana dont la Russie leur a toujours laissé la porte ouverte. C'est d'ailleurs le sens du lien entretenu avec l'émissaire en Syrie pour les Nations unies, Staffan de Mistura, qui établit ainsi un pont entre les deux processus. Le 24 août dernier, le bureau du haut diplomate onusien a annoncé l'organisation d'une rencontre, prévue pour les 11 et 12 septembre 2018 cette fois à Genève. L'Iran, la Russie et la Turquie y participeront avec pour ordre du jour la poursuite du processus politique de sortie de conflit.