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La «Mélenchon allemande» va lancer un mouvement de gauche opposé à l'immigration

Pour lutter contre l'extrême droite, le leader du groupe de gauche radicale au Parlement allemand a trouvé un moyen original : investir son terrain idéologique. Elle lance ainsi un mouvement visant entre autres à durcir la politique migratoire.

Sahra Wagenknecht, la co-présidente du groupe parlementaire de la gauche radicale allemande vient de faire une annonce qui a de quoi surprendre. Pour réduire l’influence du parti de droite radicale Alternative für Deutschland (AfD), première force d’opposition au Bundestag, la femme politique, résolument de gauche, compte aller chasser sur les terres de l'AfD. Elle va à cet effet lancer le 4 septembre un mouvement pour tenter de rassembler sa famille politique, tout en durcissant les positions traditionnelles de cette dernière sur la question de l’asile. Son futur mouvement dénommé Aufstehen qui signifie «Debout» ou «Réveil» va donc tenter de mobiliser très à gauche, mais en changeant de cap sur le thème de la politique migratoire qui bouleverse le paysage politique allemand depuis 2015 avec l'arrivée de plus d'un million de migrants, facilitée par la chancelière Angela Merkel.

Outre les grands thèmes sociaux chers à sa famille politique, Sahra Wagenknecht veut en effet «mettre la pression» sur les partis de gauche pour qu’ils engagent une «autre politique migratoire», selon ses termes. Elle veut en finir avec la «bonne conscience de gauche sur la culture de l’accueil» et ces «responsables [politiques] vivant loin des familles modestes qui se battent pour défendre leur part du gâteau». «Une frontière ouverte à tous, c’est naïf. Ce n’est surtout pas une politique de gauche», insiste-t-elle. Les milliards dépensés par le gouvernement pour accueillir les demandeurs d’asile en 2015 «auraient pu aider beaucoup plus de nécessiteux en Allemagne», selon la dirigeante politique. «Plus de migrants économiques signifie plus de concurrence pour décrocher des jobs dans le secteur des bas salaires. Le nombre de logements sociaux n’est pas non plus illimité», estime-t-elle encore.

Sur l'euro et l'Union européenne, Sahra Wagenknecht n'a pas des positions moins tranchées : «La zone euro actuelle ne fonctionne pas, à cause de la politique menée par l’Allemagne. Quand un pays de cette taille pratique le dumping salarial et dope de manière artificielle ses exportations, les autres peuvent difficilement se défendre.»

Economiste âgée de 49 ans, née d’un père iranien et d’une mère allemande, Sahra Wagenknecht est une figure très médiatisée en Allemagne. Son mouvement, elle le veut rassembleur et de gauche, sur le modèle de La France insoumise ou du Podemos espagnol. Pour l'heure, si son poids électoral est bien moindre que celui de l'ancien candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, les deux leaders ont pour point commun, outre des convergences idéologiques et stratégiques, d'être qualifiés de «populistes» par leurs adversaires ou encore d'avoir apporté leur soutien aux gouvernements de gauche d'Amérique latine.

Néanmoins, ni La France insoumise, ni Podemos n'ont adopté des positions aussi dures sur la question de l'immigration.

«Gauche populiste» ?

Le lancement de ce nouveau mouvement de gauche, prévu le 4 septembre, a été mal perçu, surtout chez les sociaux-démocrates dont le déclin se poursuit inexorablement depuis la reconduite de la «grande coalition» avec Angela Merkel à la tête de l'exécutif allemand. Thomas Oppermann, le président du groupe parlementaire SPD qui fait partie de la coalition au pouvoir accuse Sahra Wagenknecht de monter les pauvres et les réfugiés les uns contre les autres. Selon lui, l'ancienne vice-présidente de Die Linke «se met à rêver d’une gauche populiste en Allemagne». Son parti, le Parti social-démocrate (SPD) absent dans le débat sur la politique des réfugiés, se fait régulièrement dépasser par la droite radicale dans les sondages.

Au sein même de Die Linke, la pilule Aufstehen passe mal. Ce mouvement constitue en effet une menace existentielle. «Un mouvement qui nous affaiblit n’est pas acceptable», a déploré Bernd Riexinger, chef du parti.

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