Le ministre de l'Intérieur allemand Horst Seehofer, qui avait ironisé le 10 juillet sur les expulsions de migrants vers l'Afghanistan, a déclenché l'indignation de l'opposition allemande. Alors qu'il présentait ce jour-là son plan sur l'immigration, à l'origine d'un conflit au sein du camp conservateur avec la chancelière Angela Merkel, Horst Seehofer s'est amusé d'une improbable coïncidence : «Justement, le jour de mes 69 ans, 69 personnes ont été expulsées vers l’Afghanistan», s'est-il réjoui, ajoutant toutefois que «c'était quelque chose [qu'il] n'avai[t] pas commandé».
Ironie du sort, le lendemain de cette déclaration, on apprenait qu'un jeune Afghan de 23 ans, expulsé justement le 4 juillet, jour de l'anniversaire du ministre, s'était suicidé à Kaboul dans son hébergement provisoire.
Plusieurs voix se sont élevées dans l'opposition allemande contre le «manque d'humanité» de Horst Seehofer. «Ceux qui expulsent vers l'Afghanistan tuent», Horst Seehofer devrait «être renvoyé par madame Merkel», a estimé Ulla Jelpke, une députée de la gauche radicale (Die Linke). Mais le ministre de l'Intérieur a balayé toute idée de démission. Il a estimé que ce drame «était bien sûr très regrettable» mais expliqué que l'expulsion avait été décidée par les autorités de la région de Hambourg, dans le nord de l'Allemagne.
Selon l'AFP, un porte-parole de l'Office de l'immigration de Hambourg où habitait le jeune homme a déclaré à l'agence de presse DPA que celui-ci était arrivé en Allemagne en 2011 et avait immédiatement déposé une demande d'asile. Celle-ci avait été rejetée l'année suivante mais il avait émis plusieurs recours jusqu'en 2017. Selon la même source, l'homme avait notamment été reconnu coupable de vol, tentative de blessure corporelle et de violation de la loi sur les stupéfiants.
Alors que l'Afghanistan vit toujours dans la tourmente des attentats et de l'instabilité politique, l'Allemagne a commencé les expulsions d'Afghans par petits groupes fin 2016, des jeunes pour la plupart, en vertu d'un accord entre les autorités européennes et afghanes. L'un de ces jeunes, arrivé en février 2017, a été blessé dans un attentat à Kaboul deux semaines après son retour forcé. L'Allemagne, qui a accueilli plus d'un million de réfugiés, principalement Syriens et Afghans en 2015 et 2016, vient de changer de cap. La coalition au pouvoir dont l'aile droite a exercé une pression considérable sur la chancelière Angela Merkel sur cette question a nettement durci sa politique.
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