Pas une semaine ne semble passer sans que le nouvel homme fort du gouvernement italien ne défraye la chronique, en raison d'une déclaration tonitruante sur la question migratoire ou les Roms. Lors d'une interview accordée le 3 juillet à l'émission italienne In Onda, sur la chaîne télévisée LA7, le chef de file de la Ligue et ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, a accusé Georges Soros de vouloir remplir l'Europe et l'Italie de migrants, «parce qu'il aime les esclaves». Une accusation qu'il a réitérée sur son compte Twitter, le même jour : «Soros aimerait que l'Italie soit un grand camp pour les réfugiés car il aime les esclaves.»
Le ministre italien de l'Intérieur accuse le milliardaire américain, à la tête de la fondation Open Society, de financer l'arrivée de migrants en Europe à travers les ONG les recueillant en mer Méditerranée, avant de les conduire sur les côtes européennes.
Dans un communiqué daté du 5 juillet, la fondation a demandé à ce que le ministre italien «cesse immédiatement les attaques répétées à l'encontre de George Soros et de son organisation», tout en rappelant les investissements réalisés par cette dernière en Italie. «L'Open Society Foundation ne finance pas les opérations de recherches et secours des migrants en mer Méditerranée, bien qu’elle encourage ces efforts humanitaires», a précisé l’organisation.
Matteo Salvini n'est pas le seul haut responsable politique européen à s'en prendre frontalement à George Soros et à son Open Society sur la question migratoire. Le Parlement hongrois, à l'initiative du Premier ministre souverainiste et conservateur Viktor Orban, a ainsi approuvé le 20 juin un ensemble législatif appelé «Stop Soros», qui condamne l'assistance aux migrants illégaux. Le chef du gouvernement hongrois accuse le milliardaire d'orchestrer par le biais de ses ONG une «immigration de masse» principalement en provenance de pays musulmans, dans le but de détruire les valeurs européennes et de favoriser un agenda mondialiste. Viktor Orban a accusé à plusieurs reprises le financier et sa fondation de s'immiscer dans les affaires intérieures et de financer des groupes d'opposition.
En Italie, les instituts de sondage tendent à montrer que la ligne dure de Matteo Salvini en matière d'immigration recueille un fort assentiment. En effet, courant juin, la Ligue bénéficiait selon les sondages d'un large plébiscite, arrivant en tête à la question posée par l'institut Politic APP : «Si vous deviez voter aujourd'hui, pour lequel des partis suivants voteriez-vous ?» Et, selon une autre étude d'opinion du même mois, 64% des Italiens seraient opposés à l'accueil des embarcations de migrants.