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Syrie : les forces kurdes annoncent leur retrait de la ville de Minbej

Les Unités de protection du peuple (YPG) kurdes ont annoncé que leurs conseillers militaires évacueraient la ville. Les forces kurdes se conforment ainsi à un accord concernant leur retrait conclu la veille entre la Turquie et les Etats-Unis.

Leur retrait est-il le signe que les puissances belligérantes étatiques reprennent la main directement dans le nord de la Syrie ? Composante majeure des Forces démocratiques syriennes (FDS), les Unités de protection du peuple kurdes (YPG) ont annoncé par communiqué ce 5 juin le retrait de leurs conseillers militaires de la ville de Minbej, dans le nord du pays. Cette décision fait suite à un accord passé la veille entre les Etats-Unis et la Turquie, lors d'une réunion entre le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo et le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusolgu, qui a abouti à un accord concernant Minbej, selon le département d'Etat.

«[Les deux responsables] ont approuvé une feuille de route et souligné leur engagement mutuel à sa mise en œuvre», a fait savoir le département d'Etat, sans plus de détails. Dans ce même communiqué, les YPG affirment que leurs combattants avaient déjà évacué la ville stratégique en 2016, et que n'étaient restés jusque-là que des «conseillers».

Effacement des groupes armés rebelles, réaffirmation de la présence américaine en Syrie

Reprenant toujours plus directement la main en Syrie aux dépens des groupes armés rebelles, les Etats-Unis ont établi, en février 2018 d'après Reuters, une nouvelle base dans la ville de Minbej, qui contrôle la partie ouest d'un territoire qui s'étend à l'est du fleuve Euphrate, jusqu'en Irak.

Washington avait pour objectif de répondre aux menaces du président turc, Recep Tayyip Erdogan, de lancer une offensive contre les combattants kurdes. La Turquie s'oppose avec vigueur depuis le début du conflit syrien à la constitution d'un Kurdistan syrien à ses frontières et accuse les YPG d'entretenir des liens étroits avec le Parti des travailleurs kurdes (PKK), considéré comme terroriste par une partie de la communauté internationale, dont la Turquie. D'après l'agence de presse turque Anadolu, cette nouvelle base américaine abriterait également des soldats français. En avril dernier, Recep Tayyip Erdogan accusait la France d'«encourager les terroristes».

Après avoir chassé les YPG de l'ex-enclave kurde d'Afrin, la Turquie, qui voit d'un très mauvais œil la présence de forces kurdes syriennes à sa frontière, a menacé à plusieurs reprises d'étendre ses opérations vers Minbej à l'est.

Alors que Damas considère que les Occidentaux sont intervenus en Syrie en violation du droit international, Bachar el-Assad a déclaré, dans une interview accordée à RT fin mai, son intention de reprendre les territoires sous contrôle de la coalition arabo-kurde emmenée par les YPG. Le Pentagone a répliqué pour sa part en affirmant qu'il ne quitterait pas le pays et s'est dit prêt à riposter.

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