L'interview accordée par le président syrien Bachar el-Assad à RT fin mai, dans laquelle il disait envisager de reprendre les territoires occupés par les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliés des Etats-Unis, n'a pas échappé à Washington qui s'est empressé d'y répondre.
«Toutes les parties concernées en Syrie doivent comprendre qu'attaquer les forces américaines ou celles de la coalition serait une mauvaise politique», a déclaré le Lieutenant général Kenneth McKenzie lors d'une conférence de presse au Pentagone le 31 mai. Et le responsable de marteler que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention de quitter le pays : «Nous sommes ici [en Syrie]. Rien n'a changé. Le maintien de cette "zone de déconfliction" est important et nous considérerions très gravement toute action qui viserait à changer cela.»
Le Pentagone a reconnu en décembre dernier que 2 000 de ses soldats étaient actuellement stationnés en Syrie en soutien des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition militaire dominée par les unités de protection du peuple kurde (YPG). Contrairement à la mission militaire russe, qui a été invitée par le gouvernement syrien en 2015, la présence américaine en Syrie ne se fait pas en vertu du droit international. Pour la justifier, l'administration Trump comme celle Obama auparavant, soutient qu'elle rentre dans le cadre de l'autorisation donnée par le Congrès en 2001, dont le but était de lutter contre al-Qaïda.
«Aucun de nous ne fait confiance aux Américains» : Assad veut négocier avec les FDS
Un argument difficilement défendable, comme l'a souligné le président syrien Bachar el-Assad dans son interview accordée à RT, les Etats-Unis s'étant retrouvés alliés à l'affilié d'al-Qaïda dans le pays, Jabhat al-Nosra (Front al-Nosra). Ce n'est qu'une fois que le lien entre les deux organisations a été établi de façon indiscutable et qu'il est donc devenu évident que les combattants du Front al-Nosra n'étaient pas des «rebelles modérés», que les Etats-Unis ont renforcé leur soutien aux FDS, a précisé Bachar el-Assad.
Mais contrairement aux organisations islamistes, dont les combattants viennent «de partout dans le monde pour défendre leurs "frères"», les FDS sont dirigés par des Kurdes syriens qui aiment leur pays, et avec lesquels le président syrien se dit disposé à négocier. «Aucun de nous ne fait confiance aux Américains, nous devrions vivre ensemble en tant que Syriens», a-t-il affirmé, leur tendant sans ambiguïtés la main.
S'il a soutenu qu'il ferait tout pour négocier, Bachar el-Assad s'est toutefois montré clair quant à sa stratégie dans l'éventualité où ces négociations viendraient à échouer : «L'armée syrienne sera contrainte de libérer les zones occupées par les FDS, qu'il y ait ou pas des Américains.» «C'est notre territoire, notre droit, notre devoir de libérer [ces régions], et les Américains devraient partir. D'une manière ou d'une autre, ils partiront», a poursuivi le dirigeant syrien, enjoignant les Américains à tirer les enseignements de leur intervention illégale en Irak.
Le 29 mars dernier, Donald Trump avait publiquement déclaré que Washington allait se «désengager de Syrie très vite», laissant «d'autres s'en occuper». Mais, peu de temps après cette déclaration présidentielle, le département d'Etat des Etats-Unis avait fait savoir qu'il ignorait tout d'un éventuel plan de retrait des troupes américaines stationnées en Syrie.