Le 27 mai, le parti allemand anti-immigration AfD avait appelé ses partisans à participer une marche intitulée Zukunft Deuschland, («L'avenir de l'Allemagne»), de la gare centrale à la porte de Brandebourg à Berlin. C'était sans compter le déferlement d'une contre-manifestation de 25 000 personnes, dont de nombreux militants de gauche, associatifs pro-migrants et clubbeurs berlinois, réunis au son de la techno.
Quelques jours auparavant, les anti-AfD s'étaient organisés sur les réseaux sociaux pour faire barrage à la marche nationaliste allemande. «Nous voulons attirer tant de contre-manifestants que l'AfD ne pourra plus faire un pas», avait déclaré Nora Berneis, la porte-parole de la contre-manifestationStoppt den Hass, («Arrêtons la haine») sur les ondes de Deutsche Welle. Sans aller jusque là, l'affluence au cortège festif d'où émergeaient de grands noms de la scène musicale berlinoise, a permis un temps de détourner la marche des sympathisants de l'AfD de son itinéraire initial.
Le 27 mai, seules 5 000 personnes sur les 10 000 attendues sont venues défiler pour l'AfD le long de la rivière Spree avec force drapeaux allemands. Dans l'un des discours, Beatrix von Storch, député de l'AfD, a déclamé devant ses partisans que l'Allemagne était un «exemple manifeste d'intégration ratée».
Scandant «Merkel doit partir» ou «Nous sommes le peuple», ils ont été accueillis par les sifflets de 25 000 contre-manifestants selon le quotidien Berliner Zeitung, venus bruyamment couvrir leurs slogans. Les manifestants anti-AfD, flottant sur des bateaux décorés de ballons sur la rivière Spree ou dansant derrière des camions chargés de baffles où jouaient des DJs berlinois en vogue, ont défilé dans la ville. «La propagande nazie n’est pas un droit», «Le racisme n'est pas une alternative» ou «Tout Berlin est contre l’AfD» étaient inscrits sur les pancartes des militants.
D'importants moyens policiers avaient été déployés pour éviter les heurts : des camions formant des cordons et 2 000 agents étaient chargés d'empêcher les deux cortèges de se rapprocher.
Mais peu d'incidents ont été signalés, la police n'ayant fait usage de gaz irritant qu'une seule fois.
L'AfD, parti euro-sceptique, anti-islam et anti-immigration fondé en 2013, a fait une entrée fracassante en septembre au Bundestag, où il compte près d'une centaine d'élus. Le parti est désormais la troisième force politique d’Allemagne.